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Sujet 23. Composition : « La République et les femmes »

22 Août 2017 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #1. SUJETS CORRIGES

Sujet 23. Composition : « La République et les femmes »
INTRODUCTION

Présentation. La République, en France, désigne un régime dans lequel les représentants politiques, démocratiquement élus, doivent veiller au respect de la devise nationale « Liberté, Egalité, Fraternité », aux termes de laquelle les discriminations de toutes natures sont proscrites. Longtemps, pourtant, l’égalité hommes/femmes n’existait pas.

Problématique. La République a-t-elle permis à la femme de devenir l’égale de l’homme ? Plus généralement, c’est-à-dire non seulement sur le plan juridique, mais aussi sur le plan économique et social, la condition des femmes s’est-elle améliorée ?

Plan. La réponse est « oui ». La République a amélioré la condition des femmes : faiblement, avant la Seconde Guerre mondiale, sous la IIIe République ; fortement, après la Seconde Guerre mondiale, sous le CFLN, le GPRF, la IVe et la Ve République.

 

DEVELOPPEMENTS

[I] En France, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la condition des femmes s’améliore lentement. Il faut dire que, en 1870, au moment où la IIIe République voit le jour, la condition faite aux femmes est mauvaise.

[A] De la Bible au Code civil, de l’Antiquité au XIXe siècle, dans le Monde et en France, du fait de l’organisation patriarcale des sociétés et de l’influence des religions monothéistes, la femme a toujours été considérée comme inférieure à l’homme. C’était, selon les uns, une loi de la nature, selon les autres, un commandement divin. Au XIXe siècle, en France, au moment de l’adoption du Code civil par Napoléon en 1804, la femme est maintenue dans cette situation d’infériorité par rapport à l’homme, qu’il soit son père, son frère ou son mari. Selon le Code civil, qui pour la première fois régit par écrit les relations entre particuliers, le mari est considéré comme un majeur autonome, alors que l’épouse, au même titre que les enfants, est considérée comme une mineure placée sous l’autorité de son mari, auquel elle doit obéissance et soumission. L’époux est l’unique chef de famille. Lui seul exerce l’autorité parentale, choisit le domicile et donne au couple son patronyme. Lui seul peut autoriser son épouse à travailler ainsi qu’à percevoir un salaire, ester en justice ou signer des contrats. La femme, être faible, guidée par ses émotions, en raison d’une infériorité de genre qui ne lui est pas imputable, doit, pour son bien, être placée, sa vie entière, sous la tutelle d’un mâle qui veille à ses intérêts. A lui l’espace public ; à elle l’espace domestique. Il doit être un bon chef de famille ; elle doit être une bonne épouse et une bonne mère. Il a le droit de vote ; elle a le devoir de se taire. Seules les célibataires, les divorcées et les veuves, juridiquement émancipées, mais socialement marginalisées, échappent à ce carcan patriarcal.

[B] A partir de 1870, au cours de la Belle Epoque (1870-1914), la promotion des femmes est engagée. C’est dans le secteur de l’enseignement que les premiers progrès sont accomplis. A partir des années 1880, en vertu des lois Ferry (1881-1882), qui rendent l’école gratuite, obligatoire et laïque, toutes les petites filles âgées de 6 à 13 ans ont l’obligation de suivre des études primaires. En 1902, les filles, généralement issues de la bourgeoisie, seule catégorie sociale à pouvoir financer les études secondaires payantes, sont autorisées à passer le même baccalauréat que les garçons. De fait, en 1906, Marie Curie, prix Nobel de physique (1903), est la première femme à enseigner à l’université de la Sorbonne. Après elle, de nombreuses femmes, diplômées de l’enseignement supérieur, deviendront artistes, écrivains, médecins, avocates, journalistes. Plus généralement, la loi, à compter de 1907, autorise les femmes à disposer d’un salaire sans l’autorisation du père ou du mari. Pour le reste, les avancées sociales sont rares, en dépit de la création en 1909 de l’Union française pour le suffrage des femmes (UFSF), une association à la fois féministe et suffragiste militant en faveur de la reconnaissance du droit de vote des femmes. Sur ce point, la Première Guerre mondiale n’est guère parvenue à changer les mentalités. Certes, les femmes, conviées à remplacer dans les usines les hommes partis au front, ont vu, après 1918, le statut de certaines d’entre elles changer : notamment à Paris, où les plus indépendantes adoptent la coupe à la garçonne, portent des pantalons, passent des robes cintrées, fument ostensiblement aux terrasses des cafés. Mais, dès lors qu’il s’agit du droit de vote, en dépit du militantisme de Louise Weiss et de Madeleine Pelletier, les esprits se figent. En 1919, par exemple, le droit de vote féminin, accepté par la Chambre des députés, est refusé par le Sénat. Bien plus : en 1920-1923, les lois natalistes pénalisent toute promotion de la contraception et punissent l’avortement de la peine capitale, alors que, en 1924, les programmes de l’enseignement secondaire deviennent identiques pour les deux sexes. En fait, il faut attendre les années 1930 et la victoire électorale du Front populaire en 1936 pour que la cause des femmes progresse à nouveau. Comment ? D’abord, par l’entrée de trois d’entre elles dans le gouvernement Blum : Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore et Irène Joliot-Curie. Ensuite, par la participation de nombre d’entre elles aux grèves spontanées saluant la victoire de la gauche. Enfin, en 1938, par la reconnaissance à leur bénéfice de la pleine et entière capacité juridique, au même titre que celle reconnue aux hommes.

[Transition] Au cours de la IIIe République, le statut de la femme évolue donc favorablement. Mais, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la femme est loin encore d’être perçue comme l’égale de l’homme.

[II] Après la Seconde Guerre mondiale, la condition des femmes s’améliore rapidement : moins cependant sous le GPRF et la IVe République que sous la Ve République.

[A] L’Etat français a beau avoir entrepris de confiner celle-ci au rang d’épouse et de mère au foyer, en faveur de laquelle est d’ailleurs créée la « Fête des Mères », le CFLN, dès le 21 avril 1944, parce que 20 % à 30 % d’entre elles ont servi dans la Résistance, reconnaît aux femmes françaises ce que la IIIe République leur a toujours refusé : le droit de vote, dont elles useront pour la première fois le 21 avril 1945, lors des élections municipales. Au cours des années suivantes, sous la IVe République, la femme, après la citoyenneté, revendique la liberté : libre d’être une épouse ou non, libre d’être une mère ou pas, libre de choisir la vie qu’elle entend mener, au même titre qu’un homme. C’est ce qu’écrit Simone de Beauvoir, compagne du philosophe Jean-Paul Sartre, dans un livre féministe demeuré célèbre : Le Deuxième Sexe (1949). Toutefois, hormis l’ouverture de certaines professions aux femmes, telle la magistrature (1946), les avancées sont rares, dans la mesure où, à cette époque, la reconnaissance du congé maternité, des allocations familiales ainsi que du salaire parental a pour objet de maintenir la femme au foyer, selon le schéma classique.

[B] Au cours de la Ve République, en revanche, la condition féminine s’améliore notablement. Après l’égalité politique, conquise depuis 1944, l’égalité sociale et l’égalité économique deviennent les nouvelles citadelles à conquérir. Chaque décennie livre désormais son cortège de progrès :

- Au cours des années 1960 : l’apparition du Mouvement français pour le planning familial et ses premiers centres d’accueil, qui prescrivent des contraceptifs venus de l’étranger (1960) ; le droit pour les femmes d’ouvrir un compte-chèques et de travailler sans l’accord de leur mari (1965) ; la légalisation des moyens de contraception et la commercialisation des premières pilules (1967, loi Neuwirth) ; la fondation du MLF (1968).

- Au cours des années 1970 : le remplacement de l’autorité paternelle par l’autorité parentale conjointe (1970) ; la nomination par le président Giscard de deux femmes ministres, l’une, Simone Veil, au ministère de la Santé, l’autre, Françoise Giroud, au secrétariat à la Condition féminine ; la légalisation de l’IVG (1975, loi Veil) ; la reconnaissance du divorce par « consentement mutuel », et plus seulement « pour faute », plus favorable aux femmes qui souhaitent se séparer de leur mari (1975) ; la loi interdisant toute discrimination fondée sur le sexe dans le domaine de l’emploi (1975).

- Au cours des années 1980 : la création par le président Mitterrand d’un ministère des Droits de la femme, confié à Yvette Roudy (1981) ; la loi Roudy imposant l’égalité hommes/femmes au travail (1983).

- Au cours des années 1990 : la nomination par le président Mitterrand au poste de Premier ministre d’une femme, Edith Cresson (1991) ; l’adoption d’une loi sur le harcèlement sexuel au travail (1992) ; la nomination dans le gouvernement Jospin de la première femme ministre de la Justice, Elisabeth Guigou (1997) ; l’inscription dans la Constitution de la parité hommes/femmes (1999).

Toutes ces mesures, favorables à la promotion sociale de la femme, sont rendues possibles : parfois par des actions ponctuelles, les unes collectives, comme l’appel « Au pouvoir citoyennes », lancé par plusieurs intellectuelles, au nom d’une nouvelle trilogie républicaine « Liberté, Egalité, Parité » (1992), les autres individuelles, comme la nomination de dix femmes dans le gouvernement Raffarin (2002) ; mais, plus souvent encore, par des actions quotidiennes, menées par des associations de terrain très médiatisées, comme Mix-Cités (1997), Les Chiennes de garde (1999) ou encore Ni putes Ni soumises. Les femmes, maltraitées par les siècles, déconsidérées par les hommes, ont-elles, dans ces conditions, remporté, à la faveur de la naissance de la République, la guerre sur le machisme et le sexisme ? Les apparences sont trompeuses. Des batailles ont certes été remportées. Mais la « guerre des sexes » n’est pas encore terminée. Pour preuve, sur tous les plans, l’existence d’un plafond de verre ralentit leurs carrières et leurs promotions :

- Sur le plan politique, les femmes sont sous-représentées. En 2016, elles représentent 16 % des maires et aucune n’a encore été élue présidente de la République.

- Sur le plan économique, les femmes sont sous-payées. A qualification égale, elles perçoivent un salaire 20 % inférieur à celui des hommes, tandis qu’elles représentent 80 % des emplois précaires (CDD, temps partiels).

- Sur le plan social, les femmes sont sous-employées. Elles occupent un quart des postes d’encadrement, alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes, et la grande majorité des salariés rémunérés sur la base du SMIC sont des femmes.

Au surplus, la montée de l’islamisme (burqa, niqab), l’indigence intellectuelle de jeunes ignorants sévissant dans les quartiers défavorisés (brimades, tournantes, assassinats) ainsi que la persistance des violences conjugales (une centaine de mortes chaque année) constituent, de nos jours encore, autant d’atteintes supplémentaires à la liberté des femmes, chèrement acquise, mais constamment menacée.

 

CONCLUSION

Fermeture. La République, depuis 1870 jusqu’à aujourd’hui, a permis d’améliorer très notablement la situation faite aux femmes françaises : non seulement sur le plan politique, mais également sur le plan économique et social.

Ouverture. La « guerre des sexes » est-elle terminée pour autant ? La République n’a-t-elle pas d’autres batailles à mener pour que l’égalité soit réelle et la démocratie complète ?

 

PLAN

 

I - La lente amélioration de la condition des femmes jusqu’à la Seconde Guerre mondiale

A - La discrimination de principe entre hommes et femmes jusqu’à la IIIe République

B - La timide amélioration de la condition de la femme à partir de la IIIe République

II - La rapide amélioration de la condition des femmes à partir de la Seconde Guerre mondiale

A - La reconnaissance de l’égalité politique sous le GPRF et la IVe République

B - La conquête de l’égalité économique et sociale sous la Ve République

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