Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sujet 7. Composition : « Le nouvel ordre mondial après 1989 »

22 Août 2017 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #1. SUJETS CORRIGES

Sujet 7. Composition : « Le nouvel ordre mondial après 1989 »
INTRODUCTION

Présentation. Le nouvel ordre mondial désigne la période de l’histoire qui s’étend de 1989 à nos jours. Cette expression, forgée en 1990 par le président américain George Bush (père), évoque l’époque postérieure à la disparition d’un des deux blocs, le bloc communiste, au lendemain de la chute du mur de Berlin (1989). Depuis cet événement, l’habitude a été prise d’opposer l’ancien ordre mondial au nouvel ordre mondial.

Problématique. Comment ce nouvel ordre mondial s’organise-t-il après 1989 ? A défaut d’être bipolaire, comme au temps de la Guerre froide, serait-il unipolaire ou multipolaire ?

Plan. En fait, deux décennies doivent être distinguées : d’une part, la décennie des années 1990, marquée par un désordre croissant ; d’autre part, la décennie des années 2000, marquée par une tentative de retour à l’ordre.

 

DEVELOPPEMENTS

[I] La décennie des années 1990 est marquée par le désordre. Le désordre qui s’empare du Monde au cours des années 1990 est inattendu, parce que, pour un certain nombre d’observateurs, la fin de l’affrontement Est-Ouest ne peut avoir pour autre conséquence que celle de pacifier les relations internationales. En 1992, Francis Fukuyama, politologue américain, pousse l’optimisme jusqu’à intituler son livre : La Fin de l’Histoire. Dans celui-ci, il défend l’idée que la progression de l’histoire humaine, envisagée comme un combat entre des idéologies (fascisme, communisme, libéralisme), touche à sa fin avec le consensus universel sur la démocratie libérale et le capitalisme qui tendrait à se former après la fin de la Guerre froide. Fukuyama prédit la fin des conflits et le début d’une ère de paix. En fait, c’est exactement le contraire qui se produit. De nouveaux acteurs, de nouvelles menaces et de nouveaux conflits font leur apparition sur la scène internationale.

[A] Les acteurs, avant et après 1989, ne sont pas tout à fait les mêmes. Tandis que l’ancien ordre mondial se réfère à un Monde dans lequel des blocs, des états, des armées s’affrontaient en divers points du globe, sous l’œil vigilant d’un des deux supergrands, états-Unis et URSS, les deux maîtres d’un Monde alors divisé en deux, en vertu de la logique de bipolarisation, le nouvel ordre mondial renvoie à un Monde dans lequel les états, les gouvernements, les armées, privés de leurs repères habituels, sont partiellement livrés à eux-mêmes. De fait, si sous l’ancien ordre mondial, les conflits mettaient aux prises des états qui s’affrontaient au moyen d’armées régulières dans le cadre de guerres conventionnelles (guerre de Corée), depuis l’avènement du nouvel ordre mondial, les conflits mettent souvent aux prises des états et des armées non régulières, dans le cadre de ce que l’on appelle des guerres asymétriques (conflit israélo-palestinien). Jamais, du reste, les mouvements terroristes n’ont été aussi nombreux que depuis la fin de la Guerre froide. Certains sont anciens et motivés par des considérations politiques, tels l’ETA en Espagne et les FARC en Colombie. D’autres, en revanche, sont récents et motivés par des considérations religieuses, tels Al-Qaida en Afghanistan et le Hamas en Israël.

[B] Les menaces, comme les acteurs, ont changé également après 1989. Alors que, sous l’ancien ordre mondial, les armes non conventionnelles (nucléaires, chimiques, bactériologiques), étaient aux mains de quelques états seulement, depuis l’avènement du nouvel ordre mondial, le risque de prolifération de telles armes aux quatre coins du globe est devenu une réalité. Une réalité d’autant plus inquiétante que ces armes n’ont pas seulement changé de mains, elles ont changé de statut également. Si, pendant la Guerre froide, en effet, tous les détenteurs de l’arme nucléaire s’accordaient à faire de la bombe atomique une arme de dissuasion, gage de paix, depuis les années 1990, certains nouveaux acquéreurs, parmi les gouvernements ou les mouvements terroristes, ne se cachent pas de vouloir en faire une arme de destruction massive, facteur de guerre.

[C] Les conflits, enfin, loin d’être devenus une denrée rare, comme certains l’avaient prédit, se sont multipliés et diversifiés. Multipliés, d’abord, dans la mesure où leur nombre est passé d’une moyenne annuelle de 35 pendant la Guerre froide à 68 pour la seule année 2000. Diversifiés, ensuite, dans la mesure où les causes des conflits, autrefois exclusivement idéologiques (communisme contre capitalisme), sont motivées par de multiples facteurs : territoriaux (guerre du Golfe, 1991), nationalistes (guerres en ex-Yougoslavie, 1991-1999), ethniques (génocide au Rwanda, 1994), religieux (Talibans afghans, 1996), politiques (Intifada palestinienne, 2000).

[Transition] Pendant toutes ces années, les Etats-Unis, seuls maîtres du Monde, depuis la disparition de l’URSS en 1991, se sont montrés discrets sur la scène internationale : d’une part, pour des raisons économiques, diminuer le volume des dépenses militaires ; d’autre part, pour des raisons politiques, du fait de l’absence d’identification de menace réelle et sérieuse. Entre 1989 et 2001, George Bush (père) et Bill Clinton, sans complètement renoncer à s’occuper des affaires du Monde, comme le prouvent les interventions américaines au Proche-Orient (1993, accords d’Oslo) et en Bosnie (1995, accords de Dayton), ont préféré recentrer leur action politique sur le peuple américain lui-même. Le 11 septembre 2001, pourtant, les attentats perpétrés sur le sol américain, contre les deux tours du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, remettent en cause la politique internationale des Etats-Unis. La stratégie de la discrétion n’est plus de rigueur. Le désordre international est tel qu’un retour à l’ordre s’impose. Les Etats-Unis, dotés depuis 2001 d’un nouveau président en la personne de George W. Bush, s’autoproclament « gendarme du Monde ».

[II] La décennie des années 2000, contrairement à celle des années 1990, symbole de désordre, marque une tentative de retour à l’ordre. C’est que, après une décennie d’expérience et de déconvenues, chacun en convient, le Monde, en proie au chaos, a besoin d’un gendarme. Un gendarme, certes, mais lequel : les états-Unis, l’ONU, une institution régionale, telle l’Union européenne ? Comment, en d’autres termes, organiser le nouvel ordre mondial qui se dessine : sous une forme unipolaire ou sous une forme multipolaire ?

[A] Les Etats-Unis, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, tranchent la question. Directement visés par le terrorisme international islamiste d’Al-Qaida aux ordres du Saoudien Ben Laden, les Etats-Unis, placés en situation de légitime défense, se sont reconnus le droit, et même le devoir en tant que 1re puissance mondiale, de livrer la guerre à tous ceux qui attentent à la paix, à la démocratie, aux Etats-Unis ainsi qu’à leurs alliés. Sont donc visés non seulement les mouvements terroristes, mais aussi toutes les dictatures qui les soutiennent. Désormais, le Monde, selon les Américains, se partage en trois avec : au niveau supérieur, les pays « amis » ; au niveau intermédiaire, les « états mous », ainsi qualifiés parce qu’ils sont peu fiables ; et, au niveau inférieur, les états voyous. Ceux-là forment ce que George W. Bush appelle « l’Axe du mal ». Parmi eux : l’Afghanistan, l’Irak, l’Iran, la Corée du Nord, Cuba, le Venezuela et le Soudan. En 2001, les Etats-Unis, attaqués par Al-Qaida, implanté en Afghanistan, aux mains des islamistes Talibans depuis 1996, mènent, avec l’accord de l’ONU, une opération militaire destinée, d’une part, à renverser le régime fondamentaliste, d’autre part, à arrêter Ben Laden et ses complices. Quelques semaines suffisent pour atteindre le premier but (décembre 2001), quelques années pour parvenir au second (mai 2011).

[B] En 2003, les Etats-Unis, toujours au nom de leur nouveau statut de « gendarme du Monde », interviennent également en Irak, prétexte pris que le dictateur Saddam Hussein finance le terrorisme international et conçoit secrètement l’arme nucléaire pour détruire l’Etat d’Israël. L’ONU, après avoir enquêté sur place, désavoue les accusations américaines et juge prématurée toute intervention militaire en Irak. Les Etats-Unis, faute d’obtenir l’accord de l’ONU, décident alors d’intervenir malgré tout, dans le cadre d’une coalition réunissant les principaux alliés américains, dont l’Angleterre, mais à l’exclusion notable des Français et des Allemands. Pour la première fois depuis la création de l’ONU en 1945, les Etats-Unis s’affranchissent du consentement moral de « l’organe de la paix » pour intervenir en quelque endroit du Monde. Le multilatéralisme laisse place à l’unilatéralisme, et avec lui le Monde multipolaire au Monde unipolaire. C’est précisément pour cette raison, le non-respect du droit international, que la France, l’Allemagne et quelques autres pays refusent de se joindre à la guerre en Irak en 2003. D’un côté, certes, les Etats-Unis, en l’espace de trois semaines, parviennent à renverser le régime dictatorial de Saddam Hussein, finalement jugé, condamné et exécuté par pendaison (2006). D’un autre côté, toutefois, les Etats-Unis, par leur attitude, nourrissent un sentiment antiaméricain, ressenti chez leurs ennemis aussi bien que chez certains de leurs alliés.

[C] L’ONU, notamment, considère que la « gouvernance mondiale » ne doit pas être le monopole d’un pays, fût-il le plus puissant d’entre tous, mais, au contraire, l’objet d’un partage universel. L’ONU, seule institution réunissant les 193 Etats de la planète, serait, pour cette raison, selon elle, plus légitime que les Etats-Unis dans ce rôle. Chacun sait pourtant que, en dépit de ses mérites, liées à ses actions en faveur de la paix, de la lutte contre la pauvreté et la défense des droits de l’homme, l’institution est elle aussi, comme les Etats-Unis, critiquée pour deux raisons principales : d’une part, en raison de son efficacité, que d’aucuns jugent des plus limitées ; d’autre part, en raison de sa partialité, faute de représentativité parmi les bénéficiaires du droit de veto et les membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France). Les organisations régionales, de fait, moins exposées aux critiques que les Etats-Unis et l’ONU, se présentent comme une alternative locale à la « gouvernance mondiale ». Pour celles-ci, en effet, la « gouvernance mondiale » est irréaliste. Mieux vaut lui préférer une « gouvernance régionale », une « gouvernance mondiale » en quelque sorte décentralisée au niveau continental. Les organisations continentales ne manquent pas : UE, en Europe ; ALENA, en Amérique du Nord ; Mercosur, en Amérique du Sud ; ASEAN, en Asie ; UA, en Afrique ; Ligue arabe, en Afrique du Nord et au Proche-Orient. L’Europe, sur ce point, peut d’ailleurs servir d’exemple. Ce continent, en effet, qui voilà peu encore constituait le plus grand champ de bataille de la planète, est devenu l’espace le plus sécurisé du Monde. N’est-ce pas la preuve de la supériorité de la « gouvernance régionale » (UE) sur la « gouvernance mondiale » (SDN, ONU, USA) ?

 

CONCLUSION

Fermeture. Le Monde de l’après Guerre froide, après deux décennies de recul, s’apparente parfois, plus encore qu’à un nouvel ordre mondial, à un grand désordre universel.

Ouverture. Il semble toutefois que l’organisation unipolaire du monde, telle qu’elle a existé entre 2001 et 2009, sous le contrôle des Etats-Unis, fut purement transitoire. Il est probable que, dans un avenir plus ou moins proche, l’organisation du Monde revienne à ce qu’elle a été entre 1991 et 2001, c’est-à-dire multipolaire. L’accès de Barack Obama à la Maison Blanche en 2009 ainsi que l’irrésistible ascension des pays émergents sur la scène internationale depuis plusieurs années n’ont-ils pas déjà pour effet commun de redistribuer les cartes du jeu de la géopolitique mondiale ?

 

PLAN

 

I - Le désordre des années 1990

A - De nouveaux acteurs

B - De nouvelles menaces

C - De nouveaux conflits

II - La tentative de retour à l’ordre des années 2000

A - Les Etats-Unis gendarmes d’un Monde multipolaire (de la guerre du Golfe en 1990 à l’intervention en Afghanistan en 2001)

B - Les Etats-Unis gendarmes d’un Monde unipolaire (à partir de la guerre en Irak en 2003 jusqu’en 2009)

C - L’ONU, l’UE, les puissances émergentes, nouveaux gendarmes du Monde ? (depuis 2009)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article