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CHAPITRE 9 - LA NAISSANCE DES REGIMES TOTALITAIRES

22 Août 2017 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #2. CHAPITRES

CHAPITRE 9 - LA NAISSANCE DES REGIMES TOTALITAIRES
Introduction : « Le totalitarisme, un nouveau type de régime »

Le totalitarisme désigne une catégorie de régime politique au sein de laquelle le pouvoir exercé par l’Etat sur les individus est sans limite, c’est-à-dire total : non seulement aux dépens des corps, arrêtés, emprisonnés, torturés, exécutés ; mais également aux dépens des esprits, endoctrinés et rééduqués au moyen des mensonges d’Etat et du culte de la personnalité. Un régime totalitaire, par opposition à un régime démocratique (ou libéral), qui limite le pouvoir de l’Etat par la reconnaissance de droits au bénéfice des citoyens, constitue donc la forme la plus aboutie des dictatures, tyrannies et autres despotismes pour lesquelles l’Etat est tout et l’individu rien.

Le totalitarisme est une « invention » du XXe siècle. Conséquence de la brutalisation des sociétés occidentales provoquée par la Première Guerre mondiale, qui a également fragilisé les nations européennes sur le plan politique et économique, victimes du désordre et de la crise, ce nouveau concept s’est imposé un peu partout au cours de l’entre-deux-guerres : en premier lieu, en Russie, devenue URSS (1922), après la prise de pouvoir des bolcheviks et surtout l’avènement de Staline (1924) ; en second lieu, en Italie, après la prise de pouvoir des fascistes, au terme d’une manifestation pacifique, appelée « marche sur Rome », organisée par les Chemises noires de Mussolini, le 28 octobre 1922 ; en troisième lieu, en Allemagne, lors de l’accès à la Chancellerie du chef du parti nazi, Adolf Hitler, démocratiquement élu en 1933 ; enfin, en Espagne, après la victoire remportée par le général Franco en 1939, au terme d’une guerre civile longue de trois ans (1936-1939) l’opposant aux républicains espagnols du Front populaire (Frente popular), finalement vaincus en dépit de l’aide apportée par les brigades internationales, après le massacre du village basque de Guernica (1937).

Depuis le livre rédigé par la philosophe américaine Hannah Arendt en 1951, sous le titre Les Origines du totalitarisme, il est d’usage de distinguer deux types de totalitarisme : d’une part, les totalitarismes hard, le régime stalinien et le régime hitlérien ; d’autre part, les totalitarismes soft, le régime mussolinien et le régime franquiste. Tandis, en effet, que les régimes italien et espagnol ont pour objet d’exercer le pouvoir par la terreur à l’échelle de leur pays, les régimes soviétique et nazi nourrissent l’ambition d’exercer le pouvoir par la mort à l’échelle du monde entier. C’est au régime communiste d’Union soviétique et au régime nazi d’Adolf Hitler que ce chapitre est consacré.

I - LE REGIME COMMUNISTE EN URSS

La Russie, gouvernée par les tsars depuis le Moyen Âge, de Daniel Ier (XIIIe siècle) à Ivan le Terrible (XVIe siècle) et Nicolas II (XXe siècle), est devenue l’URSS en 1922, cinq ans après la prise du pouvoir par les bolcheviks et leur victoire sur les tsaristes vaincus au terme d’une guerre civile meurtrière. L’URSS ne se confond pas avec la Russie. L’URSS, dont les habitants sont appelés les Soviétiques, réunit quinze pays, parmi lesquels la Russie, alors que la Russie, quoique représentant 80 % du territoire et de la population d’URSS, ne constitue que l’une des quinze nations soviétiques, au même titre que l’Ukraine, la Géorgie, le Kazakhstan et quelques autres.

A - Un régime instauré illégalement

En 1914, lorsque éclate la Première Guerre mondiale, la Russie est dirigée par un empereur qu’on appelle le tsar : Nicolas II. L’empereur est l’équivalent d’un roi. Il n’est pas désigné par le peuple lors d’élections. Il règne parce qu’il appartient à la plus grande famille de Russie : les Romanov.

En 1917, des révolutionnaires profitent de la mauvaise situation économique du pays provoquée par la guerre, pour renverser le tsar et instaurer un nouveau régime. En fait, il n’y a pas une, mais deux révolutions :

- La première, survenue au mois de février 1917, est accomplie par des révolutionnaires modérés, les mencheviks, dirigés par Kerenski, qui destituent Nicolas II et instaurent un régime libéral.

- La seconde, survenue au mois d’octobre 1917, est accomplie par des révolutionnaires extrémistes, les bolcheviks, dirigés par Lénine et Trotski, qui assassinent Nicolas II et instaurent un régime communiste.

En mars 1918, à Brest-Litovsk, l’une des premières décisions prises par Lénine est d’arrêter la guerre. Il préfère se consacrer à son pays plutôt qu’à l’Europe. Dans ce but, Lénine signe un traité de paix avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. La France et l’Angleterre, qui se sentent trahies, doivent donc poursuivre la guerre sans leur ancien allié russe qui les abandonne.

En Russie, cette décision provoque une guerre civile entre, d’un côté, les bolcheviks, qu’on appelle les Rouges, qui disposent de l’Armée rouge, et, d’un autre côté, les adversaires des bolcheviks, qu’on appelle les Blancs, qui sont soutenus par la France, l’Angleterre et la Pologne. Cette guerre civile, commencée en 1918, se termine en 1922 par la victoire des bolcheviks qui proclament la naissance de l’URSS au mois de décembre.

Treize mois plus tard, en janvier 1924, Lénine meurt de maladie. Deux hommes sont pressentis pour lui succéder : d’une part, Léon Trotski, qui souhaite instaurer le communisme dans le monde entier ; d’autre part, Joseph Staline, qui croit en l’instauration du communisme dans un seul pays, l’URSS. Finalement, entre Trotski que préfère Lénine et Staline que préfère le parti communiste qu’il dirige lui-même, c’est Staline qui l’emporte. Jusqu’à sa mort, survenue en 1953, il gouvernera donc l’URSS. Trotski, vaincu, sera quant à lui expulsé d’URSS et exécuté sur ordre de Staline en 1940.

B - Un régime dictatorial et collectiviste

Un régime totalitaire est un régime dans lequel la liberté n’existe pas. C’est un régime qui exerce un pouvoir total sur la population et sur la pensée. En URSS, ce pouvoir sans limite porte le nom de stalinisme, un régime à la fois dictatorial et collectiviste.

1 - Un régime dictatorial

En 1917, lorsque les bolcheviks arrivent au pouvoir, ils affirment vouloir réaliser le bonheur du peuple. En réalité, ils vont créer son malheur. Dès 1918, en effet, les premières décisions prises par les bolcheviks sont contestées par une partie des ouvriers et des paysans qui provoquent des grèves.

Les bolcheviks, incapables de convaincre, décident donc de gouverner par la force. Pour obliger la population à accepter leurs décisions, ils instaurent la crainte, la peur, bref la terreur.

La terreur est un système politique dans lequel l’Etat a tous les droits et l’individu aucun. Dans un régime de terreur, toute contestation entraîne une sanction très lourde.

Plusieurs instruments politiques sont instaurés pour faire régner la terreur en URSS. Parmi eux :

- La police politique, appelée successivement Tchéka (1917), Guépéou (1922), NKVD (1934), KGB (1954), qui a pour mission de surveiller la population et d’arrêter les adversaires du régime.

- Les tribunaux révolutionnaires qui ont pour mission de juger et de condamner les opposants au terme de procès iniques. Les plus connus d’entre eux sont les procès de Moscou instruits entre 1936 et 1938.

- Le Goulag qui a pour mission de recevoir les condamnés à des peines d’emprisonnement afin de les faire travailler et de les rééduquer dans le but d’en faire des hommes parfaits, c’est-à-dire des bolcheviks. Même dans sa tête, le bolchevik n’est plus libre.

Dans un Etat totalitaire comme l’URSS, l’idée de base est de créer un « homme nouveau ». En clair, cela signifie qu’à un régime nouveau, le bolchevisme, doit correspondre un homme nouveau, le bolchevik.

Désormais, tout individu vivant en URSS doit être un bolchevik. Il n’a pas d’autre choix. Si tel individu ne veut pas devenir un homme nouveau, c’est-à-dire se convertir au bolchevisme, il doit quitter l’URSS. Il doit aller chercher refuge à l’étranger : c’est ce que l’on appelle l’exil. Dans le cas contraire, si tel individu décide de rester en URSS et refuse de se convertir au bolchevisme, il est arrêté par le KGB, jugé par les tribunaux révolutionnaires, puis condamné à mort ou envoyé au Goulag.

Quant à ceux qui veulent rester en URSS et qui acceptent de devenir des « hommes nouveaux », soit par choix soit par crainte, ils sont contraints d’adhérer à la propagande soviétique. Ils doivent croire tout ce qu’on leur dit et appliquer tout ce qu’on leur enseigne. Ainsi, les arts (cinéma, littérature, peinture), l’information et la science reçoivent pour mission de glorifier l’URSS et Staline : c’est le « culte de la personnalité ». Dans le cas contraire, la censure intervient. L’individu est esclave de l’Etat soviétique : sur le plan politique, mais aussi sur le plan économique.

2 - Un régime collectiviste

Une économie collectiviste est une économie dans laquelle la propriété individuelle n’existe plus. C’est une économie dans laquelle tout appartient à l’Etat et rien à l’individu : les terres sont confisquées aux paysans, les usines aux patrons et les petits ateliers aux commerçants. Entre 1918 et 1939, cette collectivisation a été plus ou moins prononcée : plutôt plus entre 1918 et 1921, lors de la période dite du « communisme de guerre » ; plutôt moins entre 1921 et 1928, lors de la période dite de la « Nouvelle Politique Economique » (NEP) ; plutôt plus entre 1929 et 1939, lors de la période dite du « Grand Tournant ».

Pour les bolcheviks, la propriété individuelle est la cause de tous les maux. D’un côté, elle crée des inégalités entre riches et pauvres, propices aux divergences d’intérêts et d’opinions au sein d’un même pays. D’un autre côté, elle favorise la multiplication des crimes et des vols, génératrice de délinquance.

Pour mettre un terme à cette situation, le pouvoir bolchevique, dès 1918, prend la décision de confisquer tous les biens producteurs de richesses (terres, usines, commerces) et d’en transférer la propriété à l’Etat. Devenu seul maître de la richesse nationale, l’Etat a désormais le devoir de favoriser la croissance économique du pays, tout en procédant ensuite au profit des habitants à une égale répartition des richesses produites. C’est l’égalitarisme.

Mais, entre 1918 et 1921, la Russie est en pleine guerre civile. Sur le plan militaire, les Rouges affrontent les Blancs, tandis que, sur le plan politique, les bolcheviks combattent les antibolcheviks. Aussi, pour gagner une guerre dont dépend leur survie, ainsi que pour « passer directement au communisme » (Lénine), les bolcheviks prennent des mesures radicales : confiscation des terres, nationalisation des entreprises, rationnement des produits, paiement des salaires en nature. C’est ce que l’on appelle le communisme de guerre.

Objet de violentes contestations, principalement orchestrées par les paysans ukrainiens et sibériens, aussitôt déportés par centaines de milliers dans les Goulags, le communisme de guerre provoque finalement une terrible famine, à l’origine de 5 millions de morts. Lénine, témoin de cet échec, décide alors de réagir énergiquement en 1921. Comment ? En abandonnant le « communisme de guerre » (collectivisme intégral) et en instaurant une Nouvelle Politique Economique (collectivisme partiel).

La Nouvelle Politique Economique (NEP) a un but : faire reculer la misère qui sévit dans l’ensemble du pays ; et un moyen : rendre aux paysans, aux patrons et aux commerçants, une partie de leurs terres, de leurs usines, de leurs ateliers. Les résultats sont presque immédiats. Patrons et paysans, hier démotivés, et donc peu productifs, retrouvent une partie de leur confiance perdue et produisent à nouveau. Conséquence : l’activité industrielle est relancée, le commerce reprend, tandis que les paysans recommencent à manger à leur faim. L’économie se reconstruit.

En 1928, pourtant, cette voie économique, mi-collectiviste, mi-capitaliste, est de plus en plus contestée au sein du PCUS, prétexte pris que cette reconstruction n’évolue pas vers le communisme que les bolcheviks voulaient originellement établir. Aussi, là où Lénine avait fait preuve de pragmatisme : réagir dans l’urgence à une situation de crise (la famine). En 1928, Staline, son successeur, fait montre du plus grand dogmatisme : appliquer rigoureusement et immédiatement, sans se préoccuper des réalités du moment, les théories communistes quel qu’en soit le prix à payer pour le pays et ses habitants. En 1928, la NEP a donc vécu. En 1929, s’amorce le « Grand Tournant ».

Le 7 novembre 1929, Staline publie un article intitulé « Le Grand Tournant ». Selon celui-ci, la NEP, abandonnée, parce que trop « libérale », doit être remplacée par une politique économique plus proche du communisme originel : le collectivisme intégral.

En l’espace de cinq ans, écrit Staline, dans le cadre du premier plan quinquennal de l’histoire soviétique, l’agriculture doit être de nouveau massivement collectivisée, tandis que l’industrialisation du pays doit être très fortement accélérée.

Pour tenir les objectifs, l’Etat attend des ouvriers qu’ils se comportent aussi bien que le mineur Alexeï Stakhanov, proclamé plus grand travailleur de l’URSS. L’idéal, proclame Staline, serait d’atteindre les objectifs du plan quinquennal en quatre ans (stakhanovisme). Dans cette perspective, les zeks, détenus du Goulag condamnés aux travaux forcés, viennent prêter la main aux ouvriers des chantiers de l’Est.

Quant aux paysans, dont les terres ont été confisquées au profit de l’Etat, ils doivent entrer dans des coopératives agricoles que l’on appelle des kolkhozes. Les paysans ne doivent plus travailler pour eux-mêmes, mais pour l’Etat. Certains acceptent. D’autres refusent : ceux-là sont appelés les koulaks et sont déportés au Goulag (dékoulakisation).

Au final, le plan quinquennal fixé par le Grand Tournant affiche des résultats pour le moins contrastés :

- Sur le plan industriel, le Grand Tournant peut apparaître comme une réussite. Au prix d’efforts considérables, des régions entières, comme l’Oural ou la Sibérie, ont été modernisées. Plus largement encore, le pays entier a bénéficié de « l’esprit de sacrifice » de ses ouvriers. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’URSS, en passe de devenir une superpuissance mondiale, au côté des Etats-Unis, dispose de nombreux atouts : une industrie puissante, une armée bien équipée, une urbanisation rapide, une production de charbon multipliée par 4, un taux de scolarisation dans le secondaire multiplié par 14, une élite littéraire et scientifique bien formée. Ce sont, du reste, toutes ces réussites qui entretiennent l’illusion que le pays, malgré les difficultés, est en train de sortir de son arriération. C’est pourtant oublier l’essentiel.

- Sur le plan agricole, le Grand Tournant est une catastrophe. D’abord, parce que, d’un point de vue économique, les paysans, privés de leurs terres, démotivés par le versement de salaires dérisoires, travaillent peu et produisent moins. De fait, dans les campagnes comme dans les villes, la consommation quotidienne de viande et de laitage baisse partout en URSS. Ensuite, parce que, d’un point de vue humain, se sont ajoutés aux 5 millions de morts du communisme de guerre (1921-1922) les 6 millions de morts du Grand Tournant (1932-1933). Résultat : entre 1921 et 1947, la famine provoque plus de 11 millions de morts. Le collectivisme est un échec.

II - LE REGIME NAZI EN ALLEMAGNE

L’Allemagne, contrairement à la France, l’Angleterre ou l’Espagne, créées au Moyen Âge, est, comme l’Italie, fondée en 1860, un pays jeune, né en 1871, de la réunion autour de la Prusse, principale région germanique comprenant Berlin, de plusieurs provinces constamment divisées au cours de l’histoire. En 1871, l’Allemagne, organisée sous la forme d’un empire, connu sous le nom de IIe Reich (1871-1918), parce qu’il succède au Ier Reich (962-1805), autrefois qualifié de Saint-Empire romain germanique, est alors aux mains d’une famille, les Hohenzollern, d’un empereur, Guillaume Ier, et d’un chancelier, Otto von Bismarck. Mais, du fait de la défaite de la Première Guerre mondiale, l’Empire allemand s’effondre, Guillaume II, petit-fils de Guillaume Ier, abdique, tandis que la République de Weimar (1918-1933), régime démocratique, est fondée. C’est contre celle-ci, accusée d’avoir capitulé devant la France, trahi l’Empire et humilié le pays par l’acceptation du traité de Versailles, que les nazis se battent jusqu’à leur accès au pouvoir en 1933. Cette année-là, de surcroît, l’Allemagne, menacée par une prise de pouvoir communiste, et rongée par la crise économique, s’abandonne à Hitler qui, légalement parvenu au pouvoir, suspend une démocratie au bénéfice d’une dictature : le IIIe Reich (1933-1945).

A - Un régime instauré légalement

En Europe, la Première Guerre mondiale a provoqué un traumatisme. Certains pays, comme la France et l’Angleterre, connaissent la crise. Néanmoins, ces pays réussissent à surmonter leurs difficultés. La France et l’Angleterre demeurent des régimes libéraux, c’est-à-dire des démocraties.

En Italie et en Allemagne, en revanche, la situation est toute autre : la dictature succède à la démocratie. En Italie, d’abord, en 1922, Benito Mussolini institue un régime fasciste. Un régime fasciste est un régime dictatorial qui repose sur un chef, le Duce, sur un parti, le Parti national fasciste, et sur une idée : la grandeur de l’Italie. C’est ce régime qui sert de modèle à Adolf Hitler lorsqu’il accède au pouvoir en Allemagne en 1933.

Après l’Italie, en effet, l’Allemagne fait l’expérience du fascisme. Comme l’Italie, le régime fasciste allemand, qu’on appelle nazisme, repose sur un chef, le Führer, sur un parti, le Parti national socialiste (NSDAP), et sur une idée : la grandeur de l’Allemagne. A la différence du régime italien, pourtant, le régime allemand est un régime à la fois raciste et antisémite, meurtrier et sanguinaire.

La cruauté du régime nazi tient principalement à son maître : Adolf Hitler. Né en Autriche en 1889, Hitler est un mauvais élève qui ne parvient à gagner sa vie qu’en vendant des cartes postales qu’il a peintes lui-même. Après la Première Guerre mondiale, il se lance dans la politique en créant son propre parti : le NSDAP, c’est-à-dire le parti nazi. C’est avec ce parti qu’en 1923 il tente à Munich un coup d’Etat qui se solde par un échec. Résultat : Hitler, condamné à cinq ans de prison, est libéré au bout de treize mois, juste le temps qu’il lui faut pour écrire un livre haineux : Mein Kampf (« Mon combat »). Dans ce livre, toutes les idées de Hitler sont exposées : son antisémitisme, sa théorie de la race aryenne, son caractère antifrançais, sa volonté de faire la guerre, sa haine du communisme.

Tout au long des années 1920, cependant, les Allemands ne prêtent guère attention à Hitler. Il ne dépasse pas 3 % aux élections. C’est le temps des « années folles », le temps de la prospérité. Mais, en 1929, a lieu le krach boursier. La crise succède à la prospérité. Les faillites d’entreprises abondent, les licenciements se multiplient, le chômage progresse. Même le communisme menace de s’installer en Allemagne.

Au début des années 1930, les Allemands sont donc désespérés. Ils ne croient plus aux demi-mesures, aux décisions molles de leurs dirigeants politiques. Ils croient encore moins en la République de Weimar que leur ont imposé les vainqueurs lors du traité de Versailles (28 juin 1919). En 1932, les Allemands, désemparés, votent donc pour celui qui leur fait les plus belles promesses ; celui qui leur annonce les mesures les plus radicales : Adolf Hitler.

En 1932, les nazis remportent les élections. Au mois de janvier 1933, Hitler accède au pouvoir. Sans coup de force, en respectant la loi, Hitler devient chancelier. Il peut alors abolir la République de Weimar et mettre en place un régime à la fois totalitaire et belliqueux : le IIIe Reich (1933-1945).

B - Un régime dictatorial et belliqueux

Le régime nazi est un régime dictatorial et belliqueux, dans la mesure où, sur le plan intérieur, il suspend tous les droits individuels et toutes les libertés collectives, tandis que, sur le plan extérieur, il prépare son pays à la guerre, d’une part, pour étendre son territoire et, d’autre part, pour combattre tous les pays ennemis.

1 - Un régime dictatorial

Un régime totalitaire, nous le savons depuis l’instauration du communisme en Russie en 1917, est un régime dans lequel la liberté n’existe pas. En clair, c’est un pouvoir total de l’Etat sur les individus. Bref, un pouvoir sans limite qui encourage la propagande, la terreur et l’exclusion.

La propagande est le contraire de l’information. L’information est libre et pluraliste. La propagande est contrôlée et uniforme. L’information a pour objet de limiter la puissance du pouvoir politique. La propagande a pour objet de renforcer la puissance du pouvoir politique. L’information est au service de l’individu alors que la propagande est au service d’un parti ou d’un Etat.

Or, sans la propagande, les nazis ne seraient pas parvenus au pouvoir ; de même que, sans la propagande, ils ne se seraient pas davantage maintenus au pouvoir.

Avant 1933, pour accéder au pouvoir légalement, les nazis ont besoin d’être élus. Or, pour remporter les élections, il faut non seulement faire des promesses à de nombreuses catégories sociales pour obtenir leurs voix aux élections : ouvriers, paysans, commerçants, bourgeoisie, etc. Mais il faut aussi et surtout les convaincre. Dans ce cas, considère Hitler, nul besoin de dire la vérité : il faut séduire. Comment ?

1. En tenant un discours simple, afin d’être compris de tous.

2. En répétant constamment les mêmes idées afin qu’elles finissent par devenir des « vérités ».

3. En ayant l’air convaincu, quitte à avoir recours à des effets théâtraux pour galvaniser les foules.

4. Enfin, en désignant un coupable dont la suppression permet de régler tous les problèmes.

C’est par la réunion de ces quatre éléments de propagande que les nazis séduisent les électeurs et que Hitler accède légalement au pouvoir en 1933.

Après 1933, une fois Hitler au pouvoir, la propagande, loin de cesser, se poursuit. Toutefois, elle n’a plus pour objet de capter les voix des électeurs. Elle a pour objet d’unir un peuple entier derrière son chef. Comment ?

1. En entretenant le culte du chef, par exemple lors de grands meetings au cours desquels le Führer apparaît sous les traits d’un demi-dieu (congrès de Nuremberg).

2. En créant un peuple nouveau, exclusivement composé d’aryens, constamment encadrés par le parti nazi, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte (Jeunesses hitlériennes).

3. Enfin en mettant en valeur la politique du régime, soit par la presse, la radio ou les affiches, soit même par le cinéma (Leni Riefenstahl).

C’est par la réunion de ces trois éléments de propagande qu’un nombre croissant d’Allemands apporte son soutien aux nazis. Croyant ce qui leur est dit ou montré, ils vont jusqu’à accepter l’inacceptable : la terreur et l’exclusion.

Dès 1920, année de leur naissance, les nazis fondent toute leur politique sur la violence, jugée seule efficace. La discussion, pensent-ils, appartient aux faibles, tandis que la force appartient aux forts. Voilà pourquoi jusqu’en 1933 les groupuscules nazis, appelés SA, se distinguent souvent dans des bagarres de rue. Et voilà pourquoi après 1933 ils fondent leur régime sur la terreur et l’exclusion.

Dès 1933, en effet, et jusqu’à la disparition du régime en 1945, les nazis mènent une politique de persécution aux dépens de tous ceux qu’ils considèrent être leurs adversaires. La chronologie qui suit est une longue liste de mesures d’exclusion qui contribuent à instaurer la terreur en Allemagne.

27-28 février 1933 : incendie du Reichstag.

1er avril 1933 : boycott des commerces juifs.

7 avril 1933 : exclusion des juifs de la fonction publique.

2 mai 1933 : interdiction de tous les syndicats, sauf le syndicat nazi, le Front national du travail.

10 mai 1933 : autodafés dans les grandes villes allemandes.

22 juin 1933 : interdiction du Parti social-démocrate (gauche).

14 juillet 1933 : loi de stérilisation des personnes malades (eugénisme).

14 juillet 1933 : autodissolution des partis de droite ; le NSDAP proclamé seul parti politique légal.

29-30 juin 1934 : « Nuit des longs couteaux ».

15 septembre 1935 : « lois de Nuremberg ».

9-10 novembre 1938 : « Nuit de cristal ».

La phase ultime de cette politique d’exclusion est atteinte le 20 janvier 1942 lors de la conférence de Wannsee, près de Berlin. Ce jour-là, les nazis décident de mettre en œuvre la Solution finale de la question juive. En clair, cela signifie que les nazis passent d’une politique d’exclusion à une politique d’extermination des juifs. Plus aucun juif ne doit survivre : c’est la Solution finale (Shoah).

A l’origine de cette politique cruelle et sanguinaire figurent naturellement Hitler, mais aussi certains hauts dignitaires du régime nazi. Parmi eux : Goering, Hess et Speer, les trois principaux conseillers de Hitler ; Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères ; Goebbels, ministre de l’Information et de la Propagande ; et Himmler, ministre de l’Intérieur, c’est-à-dire chef de la police, autrement dit chef de la SS, elle-même responsable de la police politique appelée Gestapo (Heydrich).

La politique nazie, cependant, ne consiste pas seulement à dominer l’Allemagne. Elle consiste aussi à dominer l’Europe et peut-être le Monde. Le régime nazi n’est donc pas simplement un régime totalitaire. Il est surtout un régime belliqueux, c’est-à-dire un régime conçu pour faire la guerre.

2 - Un régime belliqueux

Un régime belliqueux est un régime conçu pour mener la guerre. Comme beaucoup d’autres Allemands, Hitler n’a jamais accepté le traité de Versailles (28 juin 1919). Pour lui, l’Allemagne a été humiliée et la responsabilité en revient principalement à la France. Quand il accède au pouvoir en 1933, Hitler est donc animé par un « esprit de revanche ». Dans ce but, il organise une économie de guerre afin de pouvoir se lancer ensuite dans une politique de conquêtes territoriales.

Quand il accède au pouvoir en 1933, Hitler doit faire face à une situation de crise. La production est en baisse et le chômage en hausse. Pour relancer l’économie et tenir les promesses sociales qu’il a faites aux électeurs avant d’être élu, Hitler commence par entreprendre une politique de grands travaux, à la fois civils et militaires. Sur le plan civil, la relance de l’économie se fait par la construction de routes et de logements. Sur le plan militaire, la relance de l’économie se fait par la construction d’armes.

Le traité de Versailles, pourtant, interdisait le réarmement de l’Allemagne. Mais Hitler n’en a que faire. Non seulement il résorbe le chômage. En 1933, le pays compte 6 millions de chômeurs. Cinq ans plus tard, c’est le retour au plein-emploi. Le chômage a disparu. Mais, en outre, il prépare son pays à la guerre. Il peut désormais se lancer dans une politique de conquêtes et assouvir sa soif de revanche.

Avant de faire la guerre et de conquérir des territoires, l’Allemagne doit former des hommes, réarmer le pays et conclure des alliances. En 1935, précisément, elle rétablit le service militaire obligatoire et se lance dans la « course au réarmement », tandis que, en 1936, après avoir envoyé des soldats en Rhénanie, elle signe une alliance militaire avec deux autres régimes autoritaires : l’Italie, d’abord, c’est l’axe Rome-Berlin ; le Japon, ensuite, c’est le pacte anti-Komintern.

En 1938, l’Allemagne peut donc se lancer dans sa politique de conquêtes territoriales. Le 12 mars, elle envahit l’Autriche et l’annexe à l’Allemagne : c’est l’Anschluss. Six mois plus tard, en septembre, elle occupe la Tchécoslovaquie, après que la France de Daladier et l’Angleterre de Chamberlain, adeptes de la politique d’appeasement, l’aient autorisée à s’emparer de la région des Sudètes lors des accords de Munich, les 29-30 septembre 1938. Pourtant, le 15 mars 1939, Hitler, en violation des accords, s’empare d’une autre région également tchécoslovaque : la Bohême-Moravie. Enfin, le 1er septembre 1939, l’armée allemande (Wehrmacht) pénètre dans le corridor de Dantzig, au nord de la Pologne. Cette fois, c’en est trop. Le 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. La Deuxième Guerre mondiale est commencée.

Conclusion : « Les spécificités communes à tous les totalitarismes »

Les totalitarismes, stalinien et hitlérien, plus encore que mussolinien et franquiste, que pour certains historiens il faut réduire au rang de banales dictatures, entretiennent des spécificités communes sur un double plan :

- D’abord, en ce qui concerne le projet. Staline aussi bien que Hitler, qui ne veulent pas seulement changer les lois mais les hommes eux-mêmes, sont viscéralement opposés à la démocratie. Ils rejettent l’élection, la liberté, l’égalité, l’individualisme, le pluralisme, l’Etat de droit. Ils croient, au contraire, en la dictature et l’arbitraire. Leurs valeurs sont celles du chef, de l’ordre, du nationalisme, de la xénophobie, de l’unanimisme, de l’Etat tout-puissant. La vie, selon eux, n’a de sens que si elle est placée au service de l’Etat ou du Parti, qui se confondent largement. La mort est exaltée, la vie méprisée. L’Etat est encensé, l’individu ignoré. Le projet totalitaire repose sur la politique de la table rase et sur le messianisme idéologique.

- Ensuite, en ce qui concerne les instruments. Staline et Hitler, contrairement aux démocrates, qu’ils méprisent, ne croient pas en la loi du nombre et aux discussions. Ils croient, à l’inverse, en la loi du genre et en la force. Selon eux, le peuple, ignorant et pusillanime, doit être guidé par un chef, encadré par une élite, instruit par une seule source d’informations, surveillé par un parti unique et terrorisé, le cas échéant, par l’emploi de méthodes brutales. Le culte de la personnalité, la formation d’une aristocratie de dignitaires privilégiés, la propagande, l’endoctrinement, la police politique, les tribunaux révolutionnaires, les camps de concentration et les exécutions sommaires répondent à l’objectif final d’asservissement des masses et d’anéantissement des ennemis par la race des seigneurs.

Les totalitarismes stalinien et hitlérien, en dépit des différences idéologiques qui les opposent, entretiennent donc bel et bien des points communs qui les rassemblent. Comment s’étonner alors que, le 23 août 1939, veille de la Seconde Guerre mondiale, soit signé, entre les deux plus grands criminels du XXe siècle, le pacte germano-soviétique, un pacte de non-agression destiné à s’offrir en partage une Europe démocratique aux abois ?

VOCABULAIRE

 

Introduction : « Le totalitarisme »

Brigades internationales : volontaires, souvent communistes, de tous les pays qui combattent aux côtés des républicains durant la guerre d’Espagne.

Brutalisation : concept créé par l’historien américain George Mosse pour désigner la diffusion de la violence dans une société et l’accoutumance à cette violence.

Chemises noires : milice paramilitaire des Faisceaux, puis du Parti national fasciste. On les appelle aussi squadristi, membres des squadre (escouades).

Totalitarisme : terme qui désigne un système politique caractérisé par la soumission complète des individus à un ordre collectif dictatorial, cherchant à créer une société idéale en combattant de supposés ennemis intérieurs ou extérieurs.

I / L’URSS

Collectivisation : abolition de la propriété privée, transférée à l’Etat ou à des organismes collectifs (coopératives, syndicats, etc.).

Communisme : idéologie politique qui cherche à instaurer une société sans classes sociales et sans propriété privée.

Dékoulakisation : élimination des koulaks en tant que classe. Les koulaks, paysans aisés, sont rendus responsables des inégalités dans les campagnes et de la résistance à la collectivisation des terres.

Goulag : abréviation de « Direction générale des camps de travail ». Terme désignant l’ensemble du système concentrationnaire soviétique caractérisé par le travail forcé poussé jusqu’à l’épuisement et, souvent, jusqu’à la mort.

Guépéou : nom de la police politique soviétique entre 1922 et 1934 ; avant, son nom était Tchéka (1917-1922), après NKVD (1934-1954).

KGB : nom de la police politique après 1954, qui est en fait l’abréviation de son titre officiel, « comité pour la sécurité de l’Etat ». Elle assure l’espionnage à l’extérieur et la lutte contre les opposants à l’intérieur.

Kolkhoze : exploitation agricole dans laquelle la terre, le bétail et les outils sont détenus collectivement par les paysans.

NKVD : abréviation de « Commissariat du peuple aux affaires intérieures ». Cette police politique est chargée de traquer les opposants au régime soviétique.

PCUS : abréviation du Parti communiste d’Union soviétique, le seul parti autorisé en URSS jusqu’en 1989. Son secrétaire général est le principal dirigeant du pays.

Plan quinquennal : planification gouvernementale (sur une période de cinq ans) fixant les objectifs de production visant à industrialiser l’URSS.

Propagande : action de diffuser par tous les moyens une doctrine afin d’influencer l’opinion publique.

Rééducation : processus par lequel on entend modifier les comportements et la façon de penser des individus jugés corrompus par une idéologie.

Régime totalitaire : régime politique au sein duquel le pouvoir s’exerce de manière autoritaire non seulement en ce qui concerne l’espace public et les libertés collectives, mais aussi en ce qui concerne l’espace privé (temps libre encadré) et les libertés individuelles (liberté de culte).

Stakhanovisme : politique visant à augmenter le rendement du travail industriel. Elle est fondée sur l’exploit - truqué - d’Alexeï Stakhanov, qui aurait extrait en 1935 quatorze fois la quantité de charbon demandée à chaque mineur.

Stalinisme : ce terme, peu utilisé en URSS, décrit la pratique totalitaire de Staline, son usage de la terreur et le culte qui lui est voué. Staline se disait marxiste-léniniste et communiste.

Zek : abréviation d’un terme russe qui signifie « détenu » ; désigne les prisonniers du Goulag.

 II / L’Allemagne nazie

Accords de Munich : accords signés le 30 septembre 1938 entre la France (Daladier), l’Angleterre (Chamberlain), l’Allemagne et l’Italie. Ils accordent à Hitler ce qu’il demande (le territoire des Sudètes) dans le but de sauver la paix, mais aboutissent au démantèlement de la Tchécoslovaquie, l’allié le plus sûr de la France en Europe centrale.

Anschluss : mot allemand signifiant rattachement, ou annexion, et désignant la réunion de l’Autriche à l’Allemagne en mars 1938.

Appeasement : politique d’apaisement à l’égard de l’Allemagne menée par le gouvernement britannique de 1936 à 1939 ; elle pense sauver la paix en faisant des compromis avec Hitler.

Aryens : nom donné par les nazis à la prétendue race germanique supérieure, d’origine nordique.

Corridor de Dantzig : territoire perdu par l’Allemagne au traité de Versailles et cédé à la Pologne.

Dictature : régime politique au sein duquel le pouvoir s’exerce de manière autoritaire en ce qui concerne l’espace public (ordre public) et les libertés collectives (liberté d’expression).

Eugénisme : méthodes censées améliorer le patrimoine génétique d’une population, dont certaines sont encouragées par les Etats racistes (stérilisation, interdiction des mariages).

Fascisme : mouvement politique italien créé par Mussolini en 1919 ayant pour but un Etat tout-puissant dirigé par un seul parti. Ultranationalistes, les fascistes rêvent d’une grande Italie, étendue en Europe du Sud et en Afrique.

Gestapo : abréviation de « Police secrète de l’Etat », police politique créée en 1933 pour traquer les opposants au régime nazi.

Nazisme : appelé aussi national-socialisme. Mouvement politique allemand créé en 1920 et organisé sur un modèle militaire autour de son chef, Adolf Hitler. L’idéologie nazie est structurée autour de l’idée d’une supériorité de la « race germanique » (ou « aryenne ») et de son expansion territoriale.

NSDAP : Parti national-socialiste des travailleurs allemands (abrégé en « nazi »), créé à Munich par Adolf Hitler, en février 1920.

République de Weimar : nom donné au régime démocratique que l’Allemagne a connu de 1919 à 1933, en référence à la ville de Weimar où fut adoptée la Constitution.

SA : abréviation de Sturmabteilungen, Section d’assaut, nom de la milice paramilitaire du Parti nazi créée en 1921 (les « Chemises brunes »).

SS : abréviation de Schutzstaffel, « échelon de protection ». Créée en 1922, comme garde personnelle d’Hitler, la SS devient l’élite du Parti nazi, chargée à partir de 1933 de superviser les camps et la police.

Sudètes : nom de la région frontalière de la Tchécoslovaquie, où vivent depuis le Moyen Âge des populations de langue allemande.

Totalitaire : notion qui s’applique aux régimes stalinien, mussolinien et hitlérien pour signifier la volonté d’y contrôler totalement la population, tant dans la sphère publique que privée.

Conclusion : « Les totalitarismes »

Camp de concentration : espace clos où l’Etat totalitaire enferme des opposants, des délinquants et toute population jugée dangereuse et les soumet au travail forcé et aux violences arbitraires.

Endoctrinement : procédé consistant à imposer à la population, par l’éducation, la propagande et la culture, une doctrine politique pour obtenir une adhésion totale et une obéissance aveugle.

Messianisme : mot emprunté au vocable religieux (attente du Messie) et qui désigne, en histoire politique, toute attente utopique d’une libération.

Pacte germano-soviétique : signé le 23 août 1939 par Molotov et Ribbentrop, ministres des Affaires étrangères de l’URSS et de l’Allemagne, ce traité proclame que les deux puissances ne se feront jamais la guerre. Des clauses secrètes prévoient que, en cas de guerre allemande contre la Pologne, l’URSS et l’Allemagne se partageront ce pays.

 

CHRONOLOGIE

 

I / L’URSS

1917 : « révolution d’Octobre ».

1918 : exécution de Nicolas II et de sa famille.

1922 : fondation de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

1924 : mort de Lénine.

1928 : lancement du premier plan quinquennal (industrialisation du pays).

1929 : expulsion de Trotski d’URSS ; annonce par Staline de la « liquidation des koulaks en tant que classe ».

1933 : 6 millions de morts dus à la famine, après celle de 1922 (5 millions de morts). Bilan de la collectivisation des terres : 11 millions de morts.

1940 : assassinat de Trotski réfugié au Mexique sur ordre de Staline.

1953 : mort de Joseph Staline.

II / L’Allemagne nazie

1889 : naissance de Hitler en Autriche.

1919 : adhésion de Hitler au DAP, devenu le NSDAP au début de 1920.

1922 : « marche sur Rome » de Mussolini.

1923 : tentative de coup d’Etat de Hitler à Munich.

1924 : condamnation de Hitler à cinq ans de prison (avril) ; libération avant terme de Hitler (décembre).

1928 : aux élections au Reichstag (Chambre des députés), 3 % des voix en faveur du NSDAP.

1929 : krach boursier à Wall Street.

1930 : aux élections au Reichstag, 18 % des voix en faveur du NSDAP.

1931 : 6 millions de chômeurs en Allemagne.

1932 : Hitler, né Autrichien, naturalisé Allemand.

1932 : aux élections au Reichstag, 37 % des voix en faveur du NSDAP, premier parti allemand.

1933 : Hitler appelé à la chancellerie par le président Hindenburg (30 janvier).

1933 : incendie du Reichstag (27 février). Incendie de la Chambre des députés imputée aux communistes, prétexte pris que fut arrêté sur les lieux un jeune Hollandais simple d’esprit, Van der Lubbe, qui se déclare communiste. Résultats : plus de 4.000 membres du Parti communiste sont arrêtés tandis que, le 28, Hindenburg, sous le coup de l’émotion, accepte de suspendre les libertés individuelles par l’adoption du « décret sur la protection du peuple et de l’Etat ». Le gouvernement dispose désormais des pleins pouvoirs. C’est la première base légale de la dictature nazie.

1933 : ouverture du premier camp de concentration à Dachau (mars).

1933 : boycott des commerces juifs (avril) ; loi sur la fonction publique, qui en exclut les juifs (avril).

1933 : interdiction de tous les syndicats (mai) ; autodafés dans les grandes villes allemandes (mai).

1933 : interdiction du Parti social-démocrate [gauche] (juin).

1933 : loi de stérilisation des personnes atteintes de maladies héréditaires (juillet) ; NSDAP proclamé parti unique, après l’autodissolution des partis de droite (juillet).

1934 : « Nuit des longs couteaux » (nom donné en référence à une chanson des SA intitulée Nous aiguiserons nos longs couteaux). Provoquée par une opposition interne au nazisme, la Nuit des longs couteaux a été accomplie par les SS aux dépens des SA qui voulaient accroître leur rôle contre l’avis de Hitler. Celui-ci décide donc de se débarrasser des principaux frondeurs, dont leur chef Röhm. En même temps, ils en profitent pour faire assassiner quelques-uns des responsables de la droite conservatrice et catholique qui s’inquiètent de la tournure prise par les événements. Au total, la Nuit des longs couteaux fait environ 200 morts. Le monde en est horrifié. Hindenburg et l’armée allemande sont satisfaits et félicitent Hitler (juin).

1934 : mort du président Hindenburg (2 août) ; par référendum, Hitler autorisé à cumuler les fonctions de président et de chancelier (19 août).

1935 : rétablissement du service militaire obligatoire en violation du traité de Versailles (mars).

1935 : proclamation des « lois de Nuremberg », par lesquelles les juifs, exclus de la Nation, sont réduits au rang de citoyens de deuxième classe (septembre).

1935 : invasion de l’Ethiopie par l’Italie (octobre).

1936 : remilitarisation de la Rhénanie en violation du traité de Versailles (mars).

1936 : proclamation de « l’Axe Rome-Berlin » (octobre).

1936 : « pacte anti-Komintern » signé entre l’Allemagne et le Japon (novembre).

1938 : entrée de l’armée allemande en Autriche et proclamation de l’Anschluss (mars).

1938 : conférence de Munich mettant un terme à la crise tchécoslovaque par la cession du territoire des Sudètes à l’Allemagne (septembre).

1938 : « Nuit de cristal » (nom donné par les nazis en référence aux vitres brisées des magasins juifs). Conséquence du meurtre d’un diplomate allemand par un juif polonais à Paris le 7 novembre, la Nuit de cristal provoqua la mort de 100 juifs environ et la déportation de 30.000 autres vers des camps. Après autorisation de Hitler, en effet, Goebbels avait donné l’ordre au parti de mettre le feu aux synagogues et de détruire tous les magasins juifs. Vêtus en civils pour apparaître comme des « Allemands ordinaires », les SA, les SS, les Jeunesses hitlériennes et les membres du Front du travail passent à l’action dans toute l’Allemagne et même en Autriche, récemment annexée. Bilan : 267 synagogues détruites, 7.500 commerces juifs endommagés (novembre).

1939 : occupation de la Bohême-Moravie (Tchécoslovaquie) par le Reich (mars).

1939 : signature, le 23 août, d’un pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS (« pacte germano-soviétique »).

1939 : invasion de la Pologne par l’Allemagne sans déclaration de guerre (1er septembre).

1939 : déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne (3 septembre).

 

BIOGRAPHIES

 

Chamberlain, Neville (1869-1940)

Né en 1869 dans une famille aristocratique, il est élu député à la Chambre des communes en 1919. A partir de 1920, il occupe plusieurs charges ministérielles dans le gouvernement conservateur et il devient en 1932 chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances). En 1937, il devient Premier ministre et pratique vis-à-vis de l’Allemagne nazie une politique de conciliation, signant le 30 septembre 1938, avec Daladier pour la France, les accords de Munich. Il accélère alors le réarmement du Royaume-Uni et signe de nombreux traités de défense avec plusieurs pays européens dont la Pologne. Le 3 septembre 1939, après l’invasion de cette dernière par la Wehrmacht, son gouvernement déclare la guerre à l’Allemagne. Après les défaites alliées en Norvège en mai 1940, il cède le pouvoir à Churchill.

 

Daladier, Edouard (1884-1970)

Né à Carpentras en 1884, il fait de brillantes études et est reçu premier à l’agrégation d’Histoire. Maire de Carpentras en 1911, élu député du Vaucluse en 1919, il devient président du Parti radical en 1927. Principal artisan du Front populaire, il succède à Léon Blum comme président du Conseil en 1938. Il signe les accords de Munich le 30 septembre 1938. Il poursuit la politique de réarmement de la France et, le 3 septembre 1939, son gouvernement déclare la guerre à l’Allemagne nazie dans le sillage du Royaume-Uni. Son gouvernement est renversé en mars 1940 ; il fait cependant partie du gouvernement de son successeur, Paul Raynaud. Arrêté et emprisonné, il est jugé à Riom en 1942 par les autorités de Vichy comme responsable de la défaite. Déporté en Allemagne en 1943, libéré en 1945, réélu député en 1946, il n’occupe plus de fonctions ministérielles. En 1958, il s’oppose au retour du général de Gaulle.

 

Franco, Francisco (1892-1975)

Officier espagnol, Francisco Franco participe activement à la guerre du Rif au Maroc contre l’insurrection d’Abd el-Krim. C’est l’un des artisans de la victoire ; il est promu général en 1927. Chef d’Etat-major de l’armée espagnole en 1933, il est éloigné aux Canaries par le gouvernement de Frente Popular (Front populaire) issu de la victoire électorale de la gauche en 1936. Rallié au putsch militaire du 17 juillet 1936, il lui apporte un renfort conséquent en faisant passer en Espagne les troupes marocaines du Rif espagnol qui lui sont restées fidèles. Il est nommé chef du gouvernement nationaliste en septembre 1936 puis chef de l’Etat, du gouvernement et des armées en 1938, avec le titre de Caudillo (chef politique et militaire). A l’issue de la guerre civile espagnole en 1938, il apparaît comme étant le principal chef des troupes nationalistes, souvent appelées troupes franquistes. Il établit une dictature nationaliste en Espagne, évite de participer au second conflit mondial au cours duquel il adopte une position neutraliste, ce qui permet à l’Espagne de conserver son régime dictatorial en 1945. A sa mort en 1975, l’Espagne devient une démocratie.

 

Hitler, Adolf (1889-1945)

Né en Autriche, fils d’un fonctionnaire aux douanes, Adolf Hitler mène à Vienne une misérable vie d’artiste peintre après deux échecs à l’entrée aux Beaux-Arts. Autodidacte, il fréquente les soupes populaires et les asiles de nuit. Le spectacle de Vienne, qu’il juge cosmopolite et décadente, l’amène à développer son antisémitisme et son idée de la supériorité de la nation allemande. En août 1914, à Munich, il accueille la guerre avec enthousiasme et s’engage dans un régiment bavarois. Combattant avec bravoure, blessé et gazé en 1918, il obtient la Croix de fer, distinction rare pour un caporal. Indigné par l’armistice, il y voit une trahison provoquée par les démocrates (le « coup de poignard dans le dos »). En 1919, il adhère au Parti allemand des travailleurs, qu’il transforme en 1920 en parti national-socialiste allemand (NSDAP). L’échec du putsch de Munich en 1923 le conduit en prison, où il rédige Mein Kampf, qui détaille son programme. Libéré en 1925, il tente une percée politique avec peu de succès. A partir de 1930, son programme, porté par un charisme personnel, fait de lui un élément essentiel du jeu politique. Naturalisé allemand en 1932, il échoue la même année aux élections présidentielles face à Hindenburg. Le 30 janvier 1933, ce dernier le nomme chancelier. En août 1934, il est Reichsführer (chancelier et président) et met en place la dictature nazie. Il dirige l’Allemagne jusqu’à sa mort, survenue le 30 avril 1945, après son suicide dans son bunker de Berlin.

 

Lénine, Vladimir Illitch Oulianov dit (1870-1924)

Fils de fonctionnaire, Lénine fonde en 1895 le premier groupe marxiste de Russie, avant d’être arrêté et déporté en Sibérie (1897-1900). En 1902, il publie Que faire ?, ouvrage dans lequel il prône la création d’un parti de révolutionnaires professionnels. Ses idées triomphent au congrès de 1903 du Parti social-démocrate, où ses partisans deviennent majoritaires (d’où leur nom de « bolcheviks », mot signifiant « majoritaires » en russe). Après l’échec de la révolution de 1905, Lénine vit en exil en France, en Autriche, puis en Suisse. Après la révolution de février 1917, il rentre en Russie et expose ses idées politiques dans les « Thèses d’avril ». Après avoir organisé la révolution d’Octobre avec Trotski, il devient président du Conseil des commissaires du peuple et dirige alors la Russie. Gravement malade, il doit se retirer de la vie politique en 1922, après avoir tenté vainement de mettre en garde le Parti communiste contre les défauts de Staline. Il meurt en janvier 1924. Son corps embaumé est exposé dans un mausolée construit à Moscou sur la place Rouge.

 

Mussolini, Benito (1883-1945)

Fils d’un forgeron et d’une institutrice, instituteur lui-même, Mussolini rejoint le Parti socialiste italien (PSI), puis doit s’exiler pour avoir refusé de faire son service militaire. En 1912, il devient l’un des principaux chefs du PSI et dirige son journal L’Avanti. En octobre 1914, il se déclare favorable à l’entrée en guerre de l’Italie et fonde Il Popolo d’Italia qui fait campagne sur ce thème. Engagé dans les troupes italiennes, il est blessé au combat en 1917. En créant les Faisceaux de combat en 1919, il tente de concilier socialisme révolutionnaire et nationalisme. Président du Conseil de 1922 à 1943, il transforme, à partir de 1925, l’Italie en dictature et fait de l’Etat italien un Etat totalitaire. Il sert de modèle à Hitler, puis à d’autres dictateurs, et lance l’Italie dans la guerre en 1940. En avril 1945, il est capturé par des résistants et exécuté.

 

Trotski, Léon (1879-1940)

Lev Davidovicth Bronstein, militaire révolutionnaire sous le nom de Trotski, participe à la révolution russe de 1905, s’exile puis rejoint Lénine en 1917. Organisateur de la révolution d’Octobre, il forme et dirige l’Armée rouge à partir de 1918. Opposé à Staline à partir de 1924, partisan d’une extension de a révolution communiste au monde entier, expulsé d’URSS en 1929, inlassable organisateur de groupes communistes antistaliniens en Europe, il est assassiné au Mexique en 1940 par un agent stalinien.

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