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CHAPITRE 6 - L'APRES GUERRE FROIDE

22 Août 2017 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #2. CHAPITRES

CHAPITRE 6 - L'APRES GUERRE FROIDE
Introduction : « De l’ancien ordre mondial au nouvel ordre mondial »

L’après Guerre froide, appelé aussi nouvel ordre mondial, désigne la période de l’histoire qui s’étend de 1991 à nos jours. Forgée en 1990 par le président américain George Bush (père), elle évoque, plus précisément, l’époque postérieure à la disparition d’un des deux blocs : le bloc communiste, au lendemain de l’effondrement de l’URSS (1991). Depuis cet événement, l’habitude a été prise d’opposer l’« ancien ordre mondial » au « nouvel ordre mondial ».

Tandis que l’« ancien ordre mondial » se réfère à un Monde dans lequel des blocs, des Etats, des armées s’affrontaient en divers points du globe, sous l’œil vigilant d’un des deux supergrands, Etats-Unis et URSS, les deux « maîtres » d’un Monde alors divisé en deux, en vertu de la logique de bipolarisation, le « nouvel ordre mondial », quant à lui, renvoie à un Monde dans lequel les Etats, les gouvernements, les armées, privés de leurs repères habituels, partiellement livrés à eux-mêmes, ont favorisé, au cours des années 1990, l’émergence d’un désordre qui contraste avec la tentative de retour à l’ordre, caractéristique des années 2000.

I - LE DESORDRE DES ANNEES 1990

Le désordre qui s’empare du Monde au cours des années 1990 est inattendu. Inattendu, parce que la fin de l’affrontement Est-Ouest, croit-on alors, aura pour conséquence de pacifier les relations internationales. En fait, c’est le contraire qui se produit : de nouveaux conflits, de nouvelles menaces et de nouveaux acteurs font leur apparition sur le devant de la scène. Résultat : le plus grand désordre règne.

A - Des conflits nombreux

Pendant le conflit Est-Ouest (1947-1991), sous l’ancien ordre mondial, le nombre de conflits recensés chaque année s’élevait en moyenne à 35. En l’an 2000, sous le nouvel ordre mondial, ce chiffre atteint 68.

De même, tandis que, sous l’ancien ordre mondial, les causes des conflits étaient toujours d’ordre interétatique (Etat contre Etat) et idéologique (communisme contre capitalisme), sous le nouvel ordre mondial, au contraire, les origines des différends sont souvent d’ordre intraétatique (civils contre civils, à l’intérieur d’un même Etat) et donnent généralement lieu à quatre types de conflit :

- En premier lieu, les conflits nationalistes, opposant un Etat à une fraction de sa population, qui réclame l’indépendance. C’est précisément ce qui se passe en ex-Yougoslavie, entre 1991 et 1999, affectée par la balkanisation ; c’est aussi ce qui s’est passé en Irlande du Nord (1968-1998) et en Tchétchénie (1994-2000).

- En second lieu, les conflits ethniques, opposant au sein d’un même pays deux ethnies qui ne souhaitent plus vivre ensemble. C’est ce qui se passe au Rwanda, en 1994, lorsque les Hutus procèdent au génocide des Tutsis, systématiquement tués à coup de machettes par leurs ennemis.

- En troisième lieu, les conflits religieux, opposant ou bien un groupe religieux à son propre Etat (conflit national), ce qui se produit en Algérie en 1991 avec le FIS (Front islamique du salut), ou bien un groupe religieux à un Etat qui lui est étranger (conflit international), ce qui se produit dès 1993 aux Etats-Unis avec Al-Qaida (« La Base »), deux mouvements islamistes qui condamnent les valeurs occidentales et prônent un retour à l’islam des origines au moyen du Djihad.

- En quatrième et dernier lieu, enfin, les conflits politiques, opposant un Etat à un groupe idéologique défendant des idées contraires à celui-ci et prêt à combattre ce dernier les armes à la main, comme les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) en Colombie, qui financent leurs guérillas d’inspiration marxiste grâce au trafic de la drogue (narcotrafic).

Naturellement, un même conflit peut être motivé par différentes causes : politique et religieuse, par exemple, comme au Proche-Orient, dans le cadre du conflit israélo-palestinien et des Territoires occupés, prétexte à l’Intifada.

Dans tous les cas, cependant, les civils, largement épargnés sous l’ancien ordre mondial, sont devenus des cibles privilégiées depuis l’avènement du nouvel ordre mondial. Les civils représentent désormais 75 % des victimes de guerre.

B - Des menaces nouvelles

Sous l’ancien ordre mondial (1947-1991), les armes de destruction massive (nucléaires, chimiques, bactériologiques), appelées aussi armes non conventionnelles, étaient aux mains des seuls Etats. L’URSS aussi bien que les Etats-Unis et certains de leurs alliés les détenaient dans leurs stocks, bien à l’abri des regards indiscrets, comme l’on garde le bien le plus précieux. Tous, cependant, savaient qu’avant d’être une « arme de destruction », la bombe atomique, par exemple, était une « arme de dissuasion ». Sa fonction première, paradoxalement, ne consistait pas à être utilisée en cas de guerre. Elle consistait, par la menace qu’elle faisait planer sur l’humanité tout entière, à garantir la paix.

Depuis l’effondrement de l’URSS, en 1991, nombreux sont ceux qui, pour des raisons essentiellement économiques, parmi les militaires et les scientifiques notamment, vendent ou bien les secrets de fabrication des armes nucléaires ou bien les armes nucléaires elles-mêmes : parfois à des gouvernements, parfois à des mouvements terroristes. De fait, le risque de prolifération des armes nucléaires aux quatre coins du globe est donc réel et source de légitimes inquiétudes.

C - Des acteurs inédits

Sous l’ancien ordre mondial (1947-1991), les conflits mettaient aux prises des Etats qui s’affrontaient au moyen d’armées régulières dans le cadre de guerres conventionnelles : par exemple, la guerre de Corée (1950-1953), opposant l’armée nord-coréenne à l’armée américaine.

Depuis l’avènement du nouvel ordre mondial, en 1991, les conflits, toujours plus nombreux, mettent souvent aux prises des Etats et des armées non régulières, parfois issues de mouvements terroristes, dans le cadre de ce que l’on appelle des guerres asymétriques : par exemple, la guerre de Tchétchénie, opposant les Tchétchènes aux Russes.

Les mouvements terroristes, en effet, n’ont jamais été aussi nombreux que depuis la fin de la Guerre froide. Certains sont anciens et motivés par des considérations politiques : par exemple, l’ETA (Euskadi ta Askatasuna - Armée clandestine séparatiste basque) en Espagne. D’autres, en revanche, sont récents et motivés par des considérations religieuses : par exemple, Al-Qaida, fondé par le Saoudien Oussama Ben Laden.

II - LE RETOUR A L'ORDRE DES ANNEES 2000

De même que, sur le plan des relations internationales, les années 1990 symbolisent le désordre, les années 2000, au contraire, marquent une tentative de retour à l’ordre. C’est que, après une décennie d’expérience et de déconvenues, chacun en convient, le Monde, en proie au chaos, a besoin d’un gendarme. Un gendarme, certes. Mais lequel ? Les Etats-Unis ? L’ONU ? Une institution régionale, telle l’Union européenne ? La question n’est pas tranchée.

A - Un Monde sous le contrôle des Etats-Unis ?

Depuis la disparition de l’URSS, en 1991, les Etats-Unis demeurent la seule grande puissance capable de dominer la scène internationale. Les Etats-Unis se retrouvent, de fait, dans une situation de domination mondiale. Tous les Etats du Monde sont dans l’obligation de se positionner par rapport à eux. Ils apparaissent comme les seuls en mesure de jouer le rôle de « gendarme du Monde ». Pour cette raison, les Etats-Unis sont passés du statut de superpuissance à celui d’hyperpuissance.

Jusqu’en 1992, pourtant, les Etats-Unis de George Bush père (1989-1993) se voient comme une grande puissance au milieu de petites nations et préservent ce fragile équilibre en s’imposant une certaine retenue, se gardant par exemple d’intervenir dans la guerre de Yougoslavie qui commence.

Sous la présidence de Bill Clinton (1993-2001), en revanche, la domination est assumée. Les Etats-Unis, en vertu de la politique dite de l’enlargement, acceptent volontiers de jouer leur rôle d’arbitre en imposant la paix, non seulement au Proche-Orient dans le cadre du conflit israélo-palestinien (1993, accords d’Oslo), mais également en ex-Yougoslavie dans le cadre du conflit opposant les Serbes aux Bosniens et aux Bosniaques (1995, accords de Dayton).

Ce sont cependant les attentats du 11 septembre 2001, perpétrés grâce à la complicité du régime salafiste des talibans afghans, qui conduisent les Etats-Unis à se poser en véritable « gendarme du Monde », parti en croisade, au nom du choc des civilisations, contre « l’Axe du Mal » et les Etats voyous. En effet, tandis que, jusqu’en 2001, les Etats-Unis s’efforcent d’inscrire leur politique internationale dans le respect des intérêts du plus grand nombre d’Etats, notamment en prenant en considération les recommandations de l’ONU, dans le cadre de ce que l’on appelle le multilatéralisme, depuis 2001, en revanche, les Etats-Unis de George W. Bush fils (2001-2009), en se lançant dans la guerre contre le terrorisme, déterminent seuls ce qui constitue une menace pour la sécurité du Monde, dans le cadre de ce que l’on appelle l’unilatéralisme. Ainsi, en 2003, la guerre préventive menée contre l’Irak de Saddam Hussein, accusé de concevoir secrètement l’arme atomique et de financer le terrorisme, est accomplie contre l’avis même de l’ONU.

Conséquence : l’hyperpuissance américaine, en dépit de sa théorie de la guerre propre, est de plus en plus critiquée et la légitimité de son action parfois remise en cause. Son unilatéralisme engendre même un regain d’antiaméricanisme depuis la guerre d’Irak (2003). Au reste, sur la scène internationale, des pays comme l’Allemagne et la France, défendant une vision multilatérale, s’opposent de plus en plus ouvertement au Monde unipolaire défendue par les Etats-Unis et plaident, à l’inverse, en faveur de la construction d’un Monde multipolaire, dans lequel la « gouvernance mondiale » ne serait pas détenue par les seuls Américains, mais par d’autres institutions, ou bien régionales comme l’Union européenne, ou bien universelles comme l’ONU.

B - Un Monde sous le contrôle de l’ONU ?

La Guerre froide (1947-1991) avait paralysé l’action de l’ONU, dans la mesure où le droit de veto détenu par les deux Grands l’empêchait d’intervenir dans les conflits où ceux-ci étaient impliqués.

En 1991, toutefois, du fait de l’effondrement de l’URSS et du bloc communiste, l’ONU retrouve sa marge de manœuvre. Ses missions d’arbitrage international et de garant de la paix se multiplient en vertu du droit d’ingérence : 36 au cours des années 1990 contre 14 seulement durant toute la période de la Guerre froide (1947-1991). Parmi les plus célèbres : celles menées en Somalie en 1992, au Rwanda en 1994, ou encore au Kosovo en 1998. Parfois, du reste, l’ONU profite de ses interventions militaires et de l’envoi de ses casques bleus pour élaborer un droit international, mis en œuvre par des tribunaux pénaux internationaux, comme celui de La Haye (TPIY), compétent pour juger Slobodan Milosevic, chef d’Etat de la Serbie, accusé de « crime contre l’humanité » pour avoir commandité des opérations de purification ethnique.

Les apparences, néanmoins, ne doivent pas faire illusion. L’ONU, dirigée par un Secrétaire général, a beau être en plein renouveau depuis 1991, elle n’en demeure pas moins une institution en crise. D’abord, parce que la multiplication de ses missions depuis la fin de la Guerre froide pose de graves problèmes de financement. Ensuite, parce que la souveraineté nationale, qui reste le fondement du droit international, constitue un obstacle à l’intervention onusienne dans des conflits qui sont le plus souvent des guerres civiles. Enfin, l’ingérence dans les affaires d’un Etat doit se faire au nom de principes reconnus par tous et sans sélectivité, les grandes puissances étant souvent soupçonnées d’agir dans leurs seuls intérêts. Quant aux Etats-Unis, qui n’hésitent plus à mener des guerres sans l’accord de l’ONU, leur attitude méprisante contribue à discréditer un peu plus celui que l’on appelle aussi l’« organe de la paix ».

C - Un Monde sous le contrôle d’organisations régionales ?

Les Etats-Unis, ni plus que l’ONU, ne sont les seuls à pouvoir prétendre à la « gouvernance mondiale ». Des puissances régionales cherchent également à peser de tout leur poids dans les relations internationales.

Au Nord, parmi les pays riches, l’Union européenne est le premier prétendant, surtout depuis qu’elle s’est élargie aux anciens pays communistes de l’Est (2004, 2007, 2013), mais elle demeure incapable de concevoir une diplomatie commune et moins encore une armée communautaire. La Russie, puissance nucléaire et militaire, qui ne fait pas partie de l’UE, tente de restaurer son influence perdue sur le Monde, mais elle doit préalablement régler tous ses problèmes intérieurs, politiques en même temps qu’économiques. Le Japon, pour sa part, 3e puissance économique mondiale, se borne à revendiquer un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

Au Sud, parmi les pays émergents, la Chine est la plus ambitieuse. Il faut dire que, grâce à son poids démographique, économique et militaire, elle détient une place prépondérante en Asie et peut-être bientôt dans la « gouvernance mondiale ». Une aspiration à laquelle ne peut prétendre aucun des autres pays du Sud qui, quand ils ne sont pas handicapés par des situations politiques intérieures chaotiques, s’efforcent de concentrer leurs efforts sur le relèvement économique de leurs pays.

Il n’en reste pas moins que, à plus ou moins long terme, les organisations régionales, celles du Nord comme celles du Sud, semblent appeler à jouer un rôle croissant dans les relations internationales et l’ONU pourrait se « décentraliser » en s’appuyant dans chaque continent sur une organisation régionale. C’est peut-être aujourd’hui la solution la plus efficace pour assurer la paix dans une partie du Monde ; l’Europe en apportant la preuve.

VOCABULAIRE

 

I / Le désordre des années 1990

Al-Qaida : « La base », en arabe, sous-entendu le camp d’entrainement. Nom donné par Ben Laden en 1987 à son organisation qui recrute des salafistes en Afghanistan. A partir de 1998, c’est un réseau terroriste fonctionnant comme une multinationale, sous-traitant les opérations à des groupes locaux (par exemple, l’AQMI, Al-Qaida au Maghreb islamique).

Armes de destruction massive : armes nucléaires, biologiques, chimiques plus meurtrières que les armes classiques (conventionnelles), notamment pour les populations civiles.

Armes non conventionnelles : appelées aussi armes de destruction massive ou encore armes NBC (nucléaires, bactériologiques, chimiques).

Balkanisation : éclatement en plusieurs petits Etats d’un territoire jusqu’alors uni politiquement.

Djihad : « guerre sainte », en arabe ; guerre religieuse menée au nom de l’islam par les musulmans (djihadistes) contre les non-musulmans.

Guérilla : guerre de harcèlement et d’embuscades menée par des petits groupes paramilitaires aux dépens des soldats de l’armée régulière, prise par surprise, seul moyen pour les guérilleros d’affaiblir celle-ci, le face-à-face se révélant inconcevable en raison de la disproportion des moyens.

Guerre asymétrique : conflit qui oppose deux forces inégales dans leurs moyens militaires et dans la façon de les utiliser. D’un côté, un Etat doté d’une armée conventionnelle. De l’autre, des mouvements de guérillas ou des groupes terroristes. On parle aussi parfois de conflit dissymétrique.

Intifada : « soulèvement », en arabe ; désigne en particulier le soulèvement palestinien contre l’Etat d’Israël en 1987 (première Intifada) et en 2000 (deuxième Intifada).

Islamisme : courant musulman radical (extrémiste) favorable à la primauté de la loi islamique (charia) sur la loi civile, non seulement en terres d’islam, mais aussi pour certains groupes dans le Monde entier, quitte à recourir à l’arme du terrorisme.

Nationalisme : doctrine en vertu de laquelle une population se reconnaît comme un groupe historique homogène légitime à ce titre à exiger la formation d’un pays indépendant.

Prolifération des armes nucléaires : diffusion incontrôlée des armes, surtout des armes non conventionnelles et des missiles pouvant leur servir de vecteurs.

Tchétchènes : population d’origine tatare (ou mongole), de confession musulmane, implantée au sud de la Russie, dans la région du Caucase, riche en pétrole.

Territoires occupés : territoires habités par des populations palestiniennes et occupés par l’armée israélienne (Tsahal) depuis 1967, année de sa victoire remportée au terme de la guerre des Six-Jours. Depuis 1967, l’ONU demande le retrait d’Israël des Territoires occupés (résolution 242 du Conseil de sécurité).

Yougoslavie : littéralement, « Slaves du Sud ». Etat créé après la Première Guerre mondiale en 1918, composé de nations membres jusqu’alors de l’Empire austro-hongrois ou de l’Empire ottoman. Parmi eux : la Serbie, la Croatie, la Slovénie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine. Après 1991, la Yougoslavie, devenue communiste en 1945 au temps de la Guerre froide et de la dictature du maréchal Tito, vole en éclats. Chaque nation accède à l’indépendance, contre la volonté de la Serbie qui dominait la Yougoslavie. D’où les conflits dits de l’ex-Yougoslavie (1991-1999) opposant la Serbie aux nations indépendantistes successives (Slovénie, Croatie, Bosnie, etc.).

II / La tentative de retour à l’ordre des années 2000

Bosniaques : Slaves de Bosnie convertis à l’islam sous l’Empire ottoman.

Bosniens : citoyens de l’Etat de Bosnie, quelle que soit leur appartenance religieuse (Bosniaques musulmans, Croates catholiques, Serbes orthodoxes).

Casques bleus : soldats de l’ONU dont la mission, pacifique, consiste à s’interposer entre deux parties, à faire respecter un cessez-le-feu ou à venir en aide aux populations civiles. Les contingents sont fournis par des Etats membres volontaires.

Choc des civilisations : théorie formulée par le politologue américain Samuel Huntington (1996) selon laquelle les relations internationales postérieures à la Guerre froide sont fondées non plus sur des clivages idéologiques (Est/Ouest), mais sur des oppositions de civilisation, notamment entre l’Occident et l’islam (Nord/Sud).

Droit de veto : droit d’opposition (« veto », en latin, signifie « je m’oppose »). Pouvoir donné par la charte de l’ONU aux membres permanents du Conseil de sécurité de bloquer, par un vote négatif, l’adoption d’une résolution (décision) par cet organe.

Droit d’ingérence : droit permettant à la communauté internationale d’intervenir sans prendre en compte la souveraineté des Etats, pour secourir des populations en détresse ou des minorités opprimées par un pouvoir central.

Enlargement : terme désignant la politique extérieure menée par le président américain Clinton, consistant à promouvoir la démocratie et l’économie de marché à travers le monde.

Etats voyous : Rogue States, en anglais ; expression employée par l’administration Bush, notamment après les attentats du 11 septembre 2001, pour désigner les pays ennemis des Etats-Unis (Afghanistan, Irak, Iran, Syrie, Libye, Corée du Nord, Venezuela).

Guerre civile : lutte armée entre les habitants d’un même pays.

Guerre préventive : doctrine formulée par George W. Bush consistant à attaquer préventivement les territoires abritant des bases terroristes ou ayant des liens avec le terrorisme, afin d’éviter toute agression éventuelle.

Guerre propre : conflit « sans mort ni blessés » reposant sur le développement de la technologie et répondant à la réticence des opinions publiques à sacrifier des vies dans des opérations militaires.

Hyperpuissance : terme désignant la capacité, dans le monde d’aujourd’hui, qu’a un Etat d’imposer sa volonté dans les relations internationales en combinant la « force brute » ou hard power (puissance militaire) et la capacité d’influence ou soft power. Les Etats-Unis étant les seuls à réunir toutes ces composantes sans rivaux, le ministre des Affaires étrangères français, Hubert Védrine, les a qualifiés, en 1998, d’hyperpuissance.

Multilatéralisme : pratique des relations internationales visant à concilier les positions de tous les Etats.

Multipolaire : qualifie un Monde dans lequel il existe plusieurs centres de pouvoir, par exemple l’ONU ou l’UE, dans la mesure où chacune de ces institutions représente plusieurs pays.

Pays émergents : pays du Sud, autrefois pauvres, engagés sur la voie d’un enrichissement rapide, du fait d’une croissance forte. Sont principalement concernés par cette expression la Chine, l’Inde et le Brésil, mais aussi l’Indonésie, l’Argentine, le Mexique, l’Afrique du Sud ainsi que les pétromonarchies (Arabie saoudite, Emirats arabes unis).

Purification ethnique : pratique consistant à vider les territoires convoités de toute présence « étrangère ». Les hommes qui n’ont pas réussi à s’enfuir sont l’objet de massacres de masse. Les femmes sont assassinées ou subissent des viols pour que leur descendance soit aussi « purifiée ».

Salafisme : synonyme du mot « islamisme », forgé par les Occidentaux. Les musulmans lui préfèrent le mot « salafisme ».

Serbie : principal pays composant autrefois la Yougoslavie (1918-1991).

Taliban : littéralement « étudiant en théologie », en arabe. Plus généralement, le terme « taliban » désigne un islamiste originaire d’Afghanistan. Maîtres de Kaboul entre 1996 et 2001, ils ont accueilli le Saoudien Ben Laden, chassé de son pays, ainsi que son organisation terroriste, Al-Qaida, à l’origine des attentats du 11 septembre 2001.

Terrorisme : ensemble d’actes de violence commis par une organisation pour créer parmi la population un climat de terreur et d’insécurité afin de faire pression sur un Etat.

TPIY : Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Créé par l’ONU en 1993 et installé à La Haye (Pays-Bas), il est habilité à juger les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Unilatéralisme : politique extérieure d’un Etat qui promeut ses propres intérêts sans tenir compte de la position des autres Etats.

Unipolaire : qualifie un Monde dans lequel il existe un seul centre de pouvoir, par exemple les Etats-Unis.

 

CHRONOLOGIE

 

I - Europe

1991 : mort de l’URSS.

1991-1993 : naissance de la CEI (Communauté des Etats indépendants).

1993 : accès à l’indépendance des 15 ex-pays de l’URSS (Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizistan).

1991 : dislocation de la Yougoslavie (Serbie, Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Kosovo, Macédoine).

1991-1995 : guerre entre la Serbie et la Croatie.

1992-1995 : guerre entre la Serbie et la Bosnie.

1998-1999 : guerre entre la Serbie et le Kosovo.

II - Amérique

2001 : attentats du 11-Septembre contre les Twin Towers (New York) et le Pentagone (Washington).

III - Afrique

1993 : intervention de l’ONU en Somalie pour mettre un terme à la famine et aux massacres des « seigneurs de la guerre ».

1994 : génocide des Hutus aux dépens des Tutsis (Rwanda).

IV - Asie

1996 : accès au pouvoir des talibans (Afghanistan).

1997 : Hong Kong, colonie britannique depuis 1898, est restitué à la Chine.

1999 : Macao, colonie portugaise depuis 1900, est restitué à la Chine.

2001 : guerre d’Afghanistan menée par les Etats-Unis, dans le cadre de l’ONU, en réponse aux attentats du 11-Septembre.

V - Proche-Orient

1948 : naissance de l’Etat d’Israël.

1948-1949 : guerre d’indépendance d’Israël contre ses voisins arabes qui refusent sa naissance (Egypte, Jordanie, Syrie).

1956 : crise du canal de Suez (ou seconde guerre israélo-arabe, après la première connue aussi sous le nom de guerre d’indépendance).

1967 : guerre des Six-Jours entre Israël et ses trois voisins arabes (Egypte, Jordanie, Syrie).

1973 : guerre de Kippour par laquelle l’Egypte essaie vainement de récupérer le Sinaï annexé par Israël en 1967.

1978 : restitution du Sinaï aux Egyptiens (accords de paix de Camp David).

1987 : première Intifada (soulèvement palestinien dans les territoires occupés par Israël).

1991 : guerre du Golfe (ou première guerre contre l’Irak, en raison de son invasion du Koweït).

2000 : seconde Intifada.

2000 : construction d’un mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie.

2003 : guerre d’Irak (ou deuxième guerre contre l’Irak, en raison du caractère sanguinaire du régime de Saddam Hussein et de la menace nucléaire que celui-ci fait planer sur les Etats-Unis ainsi que sur leurs alliés).

 

BIOGRAPHIES
Ben Laden, Oussama (1957-2011)

Terroriste saoudien. Issu d’une famille très fortunée, il se rallie à l’islamisme lors de l’invasion soviétique en Afghanistan et fonde le réseau terroriste Al-Qaida, responsable des attentats du 11 septembre. Il est exécuté par l’armée américaine lors d’un assaut survenu au Pakistan, où il avait trouvé refuge.

 

Bush, George Walker (1946...)

Après des études de droit, George W. Bush entame en 1975 une carrière dans l’industrie pétrolière et gazière à Midland, qu’il poursuit jusqu’en 1986. En 1988, il participe à la campagne électorale de son père. Il est élu à deux reprises gouverneur du Texas (1994 et 1998). En 2000, candidat du Parti républicain, il est élu à la présidence. Le début de son mandat est marqué par les attentats terroristes du 11 septembre 2001 qui vont l’obliger à réorienter sa diplomatie. Influencé par les faucons néo-conservateurs, il fonde son action sur l’unilatéralisme dans le règlement des conflits mondiaux (guerre en Irak).

 

Clinton, Bill (1946...)

Après des études de droit, il se lance dans la politique en participant à la campagne présidentielle du candidat démocrate en 1972. Il est élu gouverneur de l’Arkansas en 1978 et à nouveau en 1982. En 1992, il bat le président sortant, George Bush, à l’élection présidentielle et est réélu à la présidence en 1996. En matière de politique étrangère, Bill Clinton prône l’enlargement et engage son pays dans la lutte contre la prolifération nucléaire. Sous sa présidence, les Etats-Unis jouent un rôle d’arbitre dans différents conflits et président à la signature de plusieurs traités : accords israélo-palestiniens en 1993, accords de Dayton sur la Bosnie en 1995.

 

Hussein, Saddam (1937-2006)

Membre du parti nationaliste Baas, à la fois laïque et socialiste, il s’empare du pouvoir en 1979. Dès lors, il établit une dictature qui repose sur un nationalisme laïque. De 1980 à 1988, il conduit son pays dans une guerre désastreuse contre l’Iran, au cours de laquelle il recourt aux armes chimiques. En 1990, il tente d’annexer le Koweït, ce qui déclenche la guerre du Golfe en 1991. Il est renversé lors de la seconde guerre du Golfe, par l’offensive des armées américaines, le 9 avril 2003. Capturé par les forces spéciales américaines, il est jugé en Irak, condamné à mort et pendu en 2006.

 

Milosevic, Slobodan (1941-2006)

Président de la Serbie (1989-2000), il est l’un des principaux responsables des guerres qui ensanglantent l’ex-Yougoslavie en 1991-1995 et 1998-1999. Partisan d’un nationalisme radical, il organise l’épuration ethnique des territoires où vivent les Serbes. Il est jugé par le TPIY pour crime contre l’humanité et génocide à partir de 2001, mais sa mort prématurée met un terme à son procès.

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