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CHAPITRE 16 - L'ETAT FRANÇAIS ET LE GPRF

22 Août 2017 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #2. CHAPITRES

CHAPITRE 16 - L'ETAT FRANÇAIS ET LE GPRF
Introduction : « De la paix à la guerre, de la démocratie à la dictature »

Entre 1939 et 1945, la France, comme le monde, vit au rythme d’un conflit planétaire : celui de la Seconde Guerre mondiale. Entre 1933 et 1939, pourtant, en dépit de l’accès des nazis au pouvoir ainsi que des provocations de Hitler sur la scène internationale, les dirigeants européens, traumatisés par le souvenir de la Grande Guerre, s’efforcent d’éviter la résurgence d’un affrontement meurtrier.

Les violations répétées du traité de Versailles, la remilitarisation de l’Allemagne, l’annexion de l’Autriche pas plus que l’invasion de la Tchécoslovaquie ne parviennent à provoquer la réaction de ses voisins. Le 3 septembre 1939, toutefois, après l’invasion de la Pologne deux jours plus tôt, la France et l’Angleterre, solidaires, déclarent la guerre à l’Allemagne. C’en est fini de la paix. La Seconde Guerre mondiale est commencée.

De septembre 1939 à mai 1940, néanmoins, la France ne bouge pas. Les observateurs parlent d’une « drôle de guerre » : la IIIe République déclare la guerre au IIIe Reich, mais elle ne la mène pas. Résultats ? L’Allemagne, après avoir envahi le Danemark et la Norvège en avril 1940, lance, après l’Est et le Nord, son offensive à l’Ouest en mai, vers les Pays-Bas et la Belgique, successivement conquis, puis la France, dépossédée de Sedan le 13 mai et de Paris le 14 juin.

Le 16 juin, Paul Raynaud, président du Conseil, témoin impuissant de la Débâcle militaire et de l’Exode civil auquel elle donne lieu, démissionne, tandis que Philippe Pétain, « gloire nationale » depuis Verdun (1916), le remplace à l’âge de 84 ans. Le lendemain, 17 juin, alors que Pétain, convaincu de l’inéluctabilité de la défaite, demande l’armistice aux Allemands, de Gaulle, réfugié à Londres depuis la veille, lance sur les ondes de la BBC un appel à la résistance : « l’appel du 18 juin ».

Le 22 juin, malgré de Gaulle, l’armistice franco-allemand n’en est pas moins signé à Rethondes (Oise) cependant que, le 10 juillet, le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par un vote du Parlement, devient le nouveau maître de la France. Ce jour-là, une démocratie meurt : la IIIe République ; et une dictature naît : l’Etat français. Celui-ci vivra quatre ans, entre 1940 et 1944, avant de laisser sa place, défaite oblige, à un autre régime, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), chargé entre 1944 et 1946 de reconstruire ce qui avait été détruit par quatre années de guerre et d’occupation, la démocratie et la république.

I - LA FRANCE PENDANT LA GUERRE AU TEMPS DE L'ETAT FRANÇAIS (1940-1944)

La France, comme le reste de l’Europe, et même du monde, entre 1939 et 1945, connaît une situation de guerre, pendant laquelle le pays est divisé en deux camps opposés : d’un côté, la France légale, celle du maréchal Pétain, officiellement qualifiée Etat français, officieusement gouvernement de Vichy, lieu d’implantation de son gouvernement, favorable à une politique de collaboration avec le IIIe Reich, dont les soldats occupent le territoire national depuis juin 1940, après la débâcle militaire française au cours du mois de mai précédent ; d’un autre côté, la France illégale, celle du général de Gaulle, réfugié à Londres, favorable à une politique de résistance vis-à-vis de l’occupant nazi et de désobéissance vis-à-vis du maréchal Pétain.

A - La France de la Collaboration

La France de la Collaboration, ainsi qualifiée parce qu’elle collabore avec l’Allemagne nazie, désigne l’Etat français, conjointement dirigé par le maréchal Pétain et son chef du gouvernement, Pierre Laval. Trois éléments caractérisent l’Etat français :

- D’abord, c’est un régime dictatorial. Les partis politiques sont supprimés, les libertés suspendues, les médias censurés, le racisme diffusé, les camps d’internement multipliés et la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » remplacée par une autre, plus conservatrice, « Travail, Famille, Patrie ». La République, jugée responsable de la défaite, est dénigrée, tandis que la démocratie, accusée d’être la cause du déclin de la France, est détestée. La Révolution de 1789, mère de la république et de la démocratie, est emportée par la Révolution nationale, féconde de nouvelles valeurs et de nouveaux esprits, façonnés au sein des Chantiers de la jeunesse, partisans de la « France éternelle », à la fois rurale et catholique, hiérarchisée et disciplinée. La propagande remplace l’information, le culte de la personnalité l’esprit critique et l’hymne « Maréchal, nous voilà » « La Marseillaise ».

- Ensuite, c’est un régime occupé. La France, depuis l’armistice du 22 juin 1940, est un pays divisé en deux : au Nord, la zone dite « occupée », directement administrée par les Allemands ; au Sud, la zone dite « libre », dirigée par le gouvernement de Pétain, dont le siège se trouve à Vichy (1). Mais, que ce soit au Nord ou au Sud, la France est un pays qui a faim et dans lequel se développe le marché noir : d’une part, parce que l’économie tourne au ralenti ; d’autre part, parce que l’occupant réquisitionne une grande partie des biens produits par les Français ; enfin, parce que, depuis l’armistice, la France, dont l’armée est réduite à 100.000 hommes et les soldats maintenus en détention (1,6 million de prisonniers en Allemagne), s’est engagée à verser des frais d’occupation exorbitants au bénéfice de son vainqueur (400 millions de francs par jour). Aussi, explique-t-on parfois, est-ce pour cette double raison, obtenir la libération des prisonniers et réduire les frais d’occupation, que le maréchal Pétain, soutenu par les maréchalistes, les pétainistes et les collaborationnistes, entame avec l’Allemagne nazie une collaboration d’Etat.

- Enfin, c’est un régime de collaboration. Depuis l’entrevue de Montoire (Loir-et-Cher), organisée entre Hitler et Pétain, le 24 octobre 1940, le régime de Vichy s’est engagé à servir au mieux les intérêts de l’occupant nazi. Comment ? En menant au profit de l’Allemagne trois types de lutte :

1. Une lutte contre les Juifs en organisant leur déportation vers les camps de concentration (1940), sous la responsabilité de Xavier Vallat (1941) et de Louis Darquier de Pellepoix (1942), chefs successifs du Commissariat général aux questions juives.

2. Une lutte contre les résistants en créant une police politique appelée Milice chargée de les arrêter (1943), et placée sous l’autorité de Joseph Darnand.

3. Une lutte contre ses adversaires militaires en fournissant à l’Allemagne des hommes obligés de travailler gratuitement dans le cadre du Service du travail obligatoire - STO (1943).

Cependant, tous les Français ne sont pas des collaborateurs. Ils ne soutiennent pas forcément la politique du maréchal Pétain. Certains s’y opposent. Ils résistent. D’où leur nom de résistants. Parmi eux, un personnage devenu célèbre : le général de Gaulle.

B - La France de la Résistance

La France de la Résistance, ainsi qualifiée parce qu’elle résiste à l’Allemagne nazie, désigne la France du général de Gaulle, chef d’une clique de « terroristes » pour le régime de Vichy, « ennemi public n°1 » pour le gouvernement du IIIe Reich.

Depuis le fameux « appel du 18 juin », en effet, de Gaulle, réfugié à Londres depuis le 17, soutenu par les cadres de l’empire colonial, dont le gouverneur guyanais du Tchad Félix Eboué, invoque l’esprit de résistance : la France a perdu une bataille, convient-il, mais la France n’a pas perdu la guerre. Il faut donc résister et se battre.

Dans ce but, est créée à Londres une armée de volontaires appelée Forces françaises libres (FFL), composées de 7.000 hommes en juin 1940, de 70.000 en juin 1942, tous aux ordres du général Leclerc, lui-même politiquement soumis au CFLN, le gouvernement officiel de la Résistance française entre 1942 et 1944.

Pendant ce temps, en France, les réseaux de résistance se multiplient. Certains se situent au Nord : tel Défense de la France ; d’autres au Sud : notamment Libération et Combat. Certains sont proches des partis de droite : les gaullistes ; d’autres des partis de gauche : les communistes, réunis (après 1941) au sein des FTP, voire pour les étrangers des FTP-MOI, parmi lesquels l’illustre groupe Manouchian surnommé « l’armée du crime » par les nazis, lors du placardage d’une Affiche rouge sur les murs de Paris.

C’est du reste pourquoi, dans le but de rendre la résistance plus efficace, le général de Gaulle confie à son principal collaborateur, Jean Moulin, dit Max, la tâche d’unir tous les mouvements de résistance en un seul groupe. C’est chose faite le 27 mai 1943 avec la création du Conseil national de la Résistance (CNR). Dès lors, les résistants sont divisés en deux catégories : d’une part, les résistants de l’extérieur, appelés FFL ; d’autre part, les résistants de l’intérieur, appelés FFI (Forces françaises de l’intérieur).

Certains de ces résistants, notamment les réfractaires au STO, ont pris le maquis, c’est-à-dire qu’ils vivent dans la clandestinité, ils se cachent en permanence. D’autres mènent une double vie : ils ont une activité ordinaire le jour et une activité de résistant la nuit. Leurs missions sont diverses. Ils distribuent des tracts (Guy Môquet), éditent des journaux (Editions de Minuit), cachent des personnes recherchées (les Justes), livrent des renseignements (agents de liaison), détruisent des ponts (sabotage), font dérailler des trains (bataille du rail), assassinent des nazis (colonel Fabien) ou tuent des collaborateurs (Henriot, ministre de la Propagande).

Naturellement, à elle seule, l’action des résistants n’aurait pas permis aux Alliés de remporter la victoire finale. Mais, sans elle, la France, à la Libération, n’aurait pu recouvrer l’honneur. Pour cette raison, les résistants sont devenus des héros, entrés dans la légende.

II - LA FRANCE DE L'APRES-GUERRE AU TEMPS DU GPRF (1944-1946)

Aussi longtemps qu’ont duré la guerre mondiale et l’occupation du territoire par les Allemands, collaborateurs et résistants français se sont livrés une guerre civile sanglante, à l’origine de haines franco-françaises à la fois vives et profondes. Voilà pourquoi, en 1944, année qui correspond à la Libération du territoire français, après le Débarquement américain du 6 juin, le général de Gaulle, devenu maître du pays, en lieu et place du maréchal Pétain, annonce la formation d’un Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), réunissant tous les résistants, excluant tous les collaborateurs, dans le but de permettre à la France, débarrassée du gouvernement de Vichy, de se doter de nouvelles institutions. La France de l’après-guerre désigne donc la période 1944-1946 au cours de laquelle le pays est dirigé, non plus par le gouvernement de Vichy (1940-1944), ni même encore par la IVe République (1946-1958), mais par le GPRF, dont le rôle consiste à assurer la transition entre un régime qui meurt, l’Etat français, et un autre qui s’apprête à naître, la République. Au cours de cette période de transition, la France, malmenée par six années de guerre, doit, comme le reste de l’Europe, travailler pour les générations futures, c’est-à-dire préparer son avenir en reconstruisant ce que le second conflit mondial a détruit.

A - Un pays détruit

Comme tout pays, sur le territoire duquel la guerre s’est accomplie, la France de 1945 est un pays détruit : non seulement sur le plan humain et matériel, mais aussi sur le plan économique et social.

1 - Sur le plan humain et matériel

La France, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, parce qu’elle a militairement combattu trois semaines (mai-juin 1940), et non quatre ans (1914-1918), dénombre deux fois moins de morts qu’au terme de la Première : 600.000 contre 1.400.000.

Parmi les victimes, dont une majorité provient de la société civile (80 %), à l’inverse de la Grande Guerre (5 %), trois catégories, outre celle des soldats morts au combat (120.000), peuvent être distinguées : celle des 250.000 tués, emportés par bombardements ou fusillades ; celle des 150.000 prisonniers, décédés en camp de concentration ou d’extermination ; celle, enfin, des 80.000 réquisitionnés, disparus pour une partie dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), pour une autre - les Malgré-nous, originaires d’Alsace-Lorraine - dans le cadre d’un enrôlement militaire forcé au service de l’armée allemande.

Résultat : la population française, en constante augmentation depuis 1918, accuse un déclin démographique sensible en 1945 : non seulement en raison des morts « directs », mais aussi en raison des pertes humaines « indirectes » estimées à 850.000, du fait de la baisse du taux de natalité, de l’augmentation du taux de mortalité et des migrations sans retour. Avec ses 40 millions d’habitants, la population française en 1945 équivaut ainsi à ce qu’elle était déjà en 1900.

Le bilan matériel, lui, à l’inverse du bilan humain, est plus lourd en 1945 qu’en 1918. Le second conflit mondial a concerné 74 départements contre seulement 13 lors du premier. Du fait des offensives allemandes en 1940, des débarquements et bombardements alliés entre 1944 et 1945, la France de l’après-guerre ressemble à un champ de ruines.

Des villes entières, telles Caen et Le Havre, sont rasées, tandis que d’autres, comme Orléans, sont défigurées. 25 % des immeubles français sont détruits, 50 % des lignes de chemin de fer sont inutilisables, 200 des 300 gares principales existantes sont rayées de la carte, la quasi-totalité des ponts permettant de franchir les grands fleuves sont coupés, l’ensemble du réseau routier est endommagé, tandis que 2 navires sur 3, 4 camions sur 5 et 9 ports sur 10 sont hors d’usage.

Quant à la terre agricole de France, qui a perdu 3 millions d’hectares du fait des combats, elle a fait le deuil de sa fécondité d’antan en raison de la présence de 100 millions de mines dans son sous-sol.

2 - Sur le plan économique et social

En 1945, du fait des six années de guerre, l’activité économique française tourne au ralenti. La production industrielle a chuté de 30 % par rapport à l’avant-guerre, l’indice de la production industrielle passant de 100 à 38. En cause : le manque de charbon, alors principale source d’énergie, à l’origine de nombreuses coupures d’électricité.

La production agricole, sur la même période, a elle aussi baissé de 1/3. En 1945, après le très dur hiver 1944-1945 et les gelées désastreuses du printemps 1945, la récolte de blé atteint à peine la moitié de celle d’avant la guerre. Alors qu’il faut une ration indispensable de 78 g de matières grasses par jour, les Français, privés de viande et de lait, ont une ration de 15 g seulement.

Au même moment, les prisonniers rentrent massivement : 1 million de soldats français regagnent la France en 1945. La pénurie alimentaire conjuguée à la raréfaction des produits de consommation courante favorisent la persistance du marché noir apparu pendant la guerre ainsi que l’envolée des prix, l’inflation passant de 38 % à 60 % entre 1945 et 1947.

En 1947, alors que le coût de la vie a triplé, les conditions d’existence dans une France qui manque de tout, sauf de pauvres sans-abri et de malades sous-alimentés, sont plus dures encore que pendant la guerre. Pour preuve : la carte de pain, supprimée le 1er novembre 1945, doit être rétablie dès le mois de janvier 1946, tandis que les tickets de rationnement, dont la suppression a été envisagée, sont finalement maintenus jusqu’en 1949.

B - Un pays à reconstruire

Le GPRF, créé le 3 juin 1944, en lieu et place du CFLN, organe politique officiel de la Résistance jusqu’au Débarquement allié, désigne le Gouvernement provisoire de la République française. Présidé par le général de Gaulle entre 1944 et 1946, le GPRF, fondé dans l’urgence, afin d’éviter la mise sous tutelle américaine de la France (AMGOT), hérite d’une double mission : d’une part, liquider le passé ; de l’autre, préparer l’avenir.

1 - La liquidation du passé

La Seconde Guerre mondiale, comme tout conflit, n’a pas eu pour seule conséquence d’opposer deux camps militaires adverses sur la scène internationale. Elle a aussi eu pour résultat de donner naissance à des conflits politiques internes sur les scènes nationales. En France, la société civile s’est divisée en deux : d’un côté, la France de la Collaboration du maréchal Pétain, qui a accepté depuis Vichy la victoire allemande ; d’un autre côté, la France de la Résistance du général de Gaulle, qui a refusé depuis Londres et Alger le succès nazi.

Aussi, lorsque, après le 6 juin 1944, date du débarquement allié sur les côtes françaises, le rapport de force, au bénéfice des collaborateurs jusqu’alors, s’inverse au profit des résistants, ce n’est pas seulement l’heure de la défaite des premiers qui s’annonce, c’est également le temps de la vengeance des seconds qui s’invite à la table des règlements de compte.

Dès le mois de juin 1944, en effet, une vague d’épuration spontanée déferle sur la France. Au cours de celle-ci, qui ne prend fin qu’à l’automne, les collaborateurs, réels ou supposés, sont dénoncés par des résistants, réels ou supposés également, livrés à la vindicte populaire, qui parfois lynche les hommes, qui souvent tond les femmes, accusées de « collaboration horizontale », au motif qu’elles n’auraient pas su « résister » aux charmes de l’occupant, puis, quand ils n’ont pas succombé aux assauts de la foule vengeresse, les « collabos » sont traduits devant des tribunaux populaires, à la fois improvisés et expéditifs, responsables de 10.000 condamnations à mort.

A partir du mois de novembre 1944, l’épuration légale prend le relais de l’épuration spontanée. Il ne s’agit alors plus de se venger, mais de rendre justice. Les justiciers amateurs sont remplacés par des magistrats professionnels et la colère du peuple par la justice de l’Etat. Résultat ? 160.000 dossiers sont instruits, 90.000 personnes sont condamnées, souvent à l’indignité nationale (50.000), parfois à l’emprisonnement (44.000), rarement à la mort (7.000, dont 767 appliquées).

Parmi les accusés célèbres : le maréchal Pétain lui-même, condamné à la peine de mort, commuée par le général de Gaulle en prison à vie en raison de son âge avancé (89 ans) et de son passé héroïque (Grande Guerre) ; mais aussi Laval et Brasillach, la voix et la plume du Maréchal, condamnés à la sentence capitale pour avoir été respectivement ministre du gouvernement de Vichy et éditorialiste au journal pétainiste Je Suis Partout.

Au final, l’épuration légale, sévère avec les milieux politiques et intellectuels, paraît plus indulgente avec les milieux économiques et administratifs, alors même que, pour l’exemple, 30.000 fonctionnaires sont sanctionnés et des journaux comme Le Matin, Le Petit Parisien ou Paris-Soir sont supprimés.

2 - La préparation de l’avenir

Le général de Gaulle, depuis le 18 juin 1940, date de son appel à la résistance contre toute forme de collaboration avec le régime nazi, incarne l’avenir de la France face à Pétain, symbole du passé. C’est du reste pourquoi, après avoir présidé le CFLN créé en 1942, il prend la direction du GPRF créé en 1944.

Le but du GPRF, qui comprend tous les partis politiques de la Résistance, de droite comme de gauche, y compris les communistes pour la première fois dans l’histoire des gouvernements de la France, est double : sur le plan international, permettre à la France de figurer parmi les vainqueurs ; sur le plan national, permettre à la France de restaurer la République.

Sur le plan international, la France, quoique absente des grandes conférences interalliées de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet 1945) sur la reconstruction de l’Europe, est intégrée dans le camp des vainqueurs et obtient, grâce à Churchill, une zone d’occupation en Allemagne ainsi qu’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La contribution des résistants français à la victoire finale, mais surtout la volonté américaine de se ménager un allié puissant en Europe de l’Ouest, alors que l’Europe de l’Est lui échappe, expliquent cet accommodement avec l’histoire.

Sur le plan national, l’objectif du général consiste à restaurer la République, ce qui suppose : d’une part, dès le 9 août 1944, la dissolution de l’Etat français, de son appareil administratif et de sa législation ; d’autre part, à compter de l’automne suivant, la reprise en main du pays qui, depuis le 6 juin 1944, est aux ordres des comités départementaux de la Libération (CDL), noyautés par les communistes, aux commandes de l’épuration spontanée, mais que Staline a détournés de toute tentative d’insurrection, alors même qu’ils étaient armés, organisés en milices patriotiques et prêts à profiter du chaos général pour proclamer la naissance d’une « république des soviets ».

C’est d’ailleurs dans le but de détourner les révolutionnaires de la révolution que plusieurs décisions importantes sont prises dans l’urgence : le droit de vote des femmes (21 avril 1944), la nationalisation de grandes firmes françaises (EDF-GDF, Renault), la création d’entreprises publiques (Air France), la fondation de la Sécurité sociale, la naissance des comités d’entreprise ; tandis que plusieurs élections sont organisées en 1945 : municipales en avril, cantonales en septembre, législatives en octobre.

En 1946, donc, le GPRF, au moment de céder sa place à la IVe République, a fait de la France une République démocratique et sociale, un Etat-providence interventionniste secondé par la création d’un commissariat au Plan confié à Jean Monnet.

Conclusion : « La République et les femmes »

La République, au même titre que pour les ouvriers et la laïcité, a beaucoup œuvré en faveur des femmes, au nom de sa devise fondatrice : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Jusqu’à l’avènement de la IIIe République, la condition faite aux femmes est mauvaise. De la Bible au Code civil, de l’Antiquité au XIXe siècle, dans le monde et en France, du fait de l’organisation patriarcale des sociétés et de l’influence des religions monothéistes, la femme a toujours été considérée comme inférieure à l’homme. C’était, selon les uns, une loi de la nature, selon les autres, un commandement divin. Conséquences : sur le plan politique, elle était privée du droit de vote ; sur le plan juridique, elle était considérée comme un éternel mineur placé sous l’autorité de son mari ; sur le plan économique, elle n’était pas indépendante, faute de pouvoir travailler et percevoir un salaire sans l’autorisation de son époux ; sur le plan social, elle était confinée au rôle de femme au foyer, réunissant au-dessus de sa tête la double qualité d’épouse soumise et de mère nourricière.

Avec la naissance de la République, en revanche, à la faveur de la carrière exceptionnelle de femmes comme Marie Curie, première femme à enseigner à l’université de la Sorbonne (1906), du fait surtout du développement du féminisme, inspiré par Louise Weiss et Madeleine Pelletier, relayées plus tard par des mouvements féministes tel que le MLF (1970), la situation des femmes s’améliore : sur le plan juridique, au moment du gouvernement de Front populaire qui accueille trois femmes dans ses rangs (Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie), elles accèdent à la capacité juridique (1938) ; sur le plan politique, grâce aux mouvements suffragistes, elles obtiennent le droit de vote (1944) ; sur le plan économique, sous l’influence de livres comme celui de Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe (1949), elles peuvent travailler et ouvrir un compte en banque sans l’accord de leur mari (1965) ; sur le plan social, enfin, grâce à l’association du Planning familial, elles parviennent à s’émanciper du stéréotype de l’épouse-mère pour devenir des femmes indépendantes, maîtres de leur vie et de leur corps depuis la libéralisation des moyens de contraception (1967) et la légalisation de l’IVG (1975).

La femme est-elle devenue l’égale de l’homme pour autant ? En apparence, oui, parce que, ces dernières décennies, plusieurs femmes ont accédé à des postes importants, tels ceux de ministre (Françoise Giroud et Simone Veil en 1974, Yvette Roudy en 1981), voire celui de Premier ministre (Edith Cresson, en 1991). En pratique, cependant, la réalité est différente. Pour preuve, sur tous les plans, l’existence d’un plafond de verre, maintenu par le machisme et le sexisme, ralentit leurs carrières et leurs promotions. Sur le plan politique, les femmes sont sous-représentées : elles représentent 25 % des députés et aucune n’a encore été élue présidente de la République. Sur le plan économique, les femmes sont sous-payées : à qualification égale, elles perçoivent un salaire 20 % inférieur à celui des hommes, tandis qu’elles représentent 80 % des emplois précaires (CDD, temps partiels). Sur le plan social, les femmes sont sous-employées : elles occupent un quart des postes d’encadrement, alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes, et la grande majorité des salariés rémunérés sur la base du SMIC sont des femmes. La parité républicaine est donc incomplète et la démocratie égalitaire inachevée. La mixité est un leurre.

 

(1) En novembre 1942, conséquence du débarquement allié en Afrique du Nord, la France est entièrement occupée : au Nord aussi bien qu’au Sud. De même, à partir de novembre 1942, le siège de la Résistance passe de Londres (général de Gaulle) à Alger (général Giraud), où est créé le Comité français de Libération nationale (CFLN). Dès lors, commence entre les deux hommes une rivalité pour la prise de commandement de la Résistance, qui ne prendra fin qu’à l’automne 1943 par la victoire de De gaulle sur Giraud, pourtant soutenu par Roosevelt, le président américain. Le 3 juin 1944, le CFLN est remplacé par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), présidé par de Gaulle. Transféré d’Alger à Paris au mois de septembre suivant, le GPRF donnera naissance à la IVe République en 1946.

VOCABULAIRE

 

Introduction

Exode : période au cours de laquelle, entre avril et mai 1940, 8 millions d’habitants de l’Est de la France, effrayés par l’arrivée de la Wehrmacht, abandonnent leurs habitations et se jettent sur les routes en direction de l’Ouest et du Sud, plus à l’abri.

I / La France pendant la guerre au temps de l’Etat français

CFLN : Comité français de libération nationale. Organisme gouvernemental installé à Alger en juin 1943, qui donne naissance en juin 1944 au GPRF.

Chantiers de la jeunesse : camps paramilitaires qui accueillent en zone non occupée pour huit mois les jeunes hommes en remplacement du service militaire.

CNR : Conseil national de la Résistance. Fondé en France occupée en 1943 par Jean Moulin, il réunit les représentants de tous les mouvements de la Résistance, de droite comme de gauche, du Nord comme du Sud.

Collaborationnistes : ceux qui s’engagent par idéologie en faveur de l’Allemagne nazie.

FFI : Forces françaises de l’intérieur. Formations militaires de la résistance intérieure participant à la Libération.

FFL : Forces françaises libres. Elles forment les troupes rassemblées par de Gaulle dès l’été 1940 et qui participent aux combats aux côtés des Alliés.

FTP : Francs-tireurs et partisans. Groupes de résistance armée du parti communiste.

Maquis : lieu isolé et difficilement accessible, souvent en forêt ou en montagne, où se réfugient des résistants pour échapper à l’occupant ou au STO et organiser la résistance armée clandestine.

Marché noir : transactions interdites et clandestines. Sans facture ni taxes, les denrées introuvables chez les commerçants sont proposées sur un marché parallèle à un prix très élevé. Cette pratique aggrave l’inflation et accentue les inégalités sociales.

Maréchaliste : individu attaché à la personne du maréchal, en raison de son passé héroïque et du rôle de bouclier qu’il prétend jouer en 1940.

Milice : créée par le gouvernement de Vichy en janvier 1943, cette formation paramilitaire, dirigée par Joseph Darnand, collabore avec la Gestapo pour arrêter les Juifs, les résistants et les réfractaires du STO.

Pétainiste : individu attaché à la politique du gouvernement de Vichy plus encore qu’à la personne du maréchal Pétain.

Révolution nationale : idéologie antirépublicaine officielle du régime de Vichy qui traduit une volonté de régénération nationale autour de valeurs conservatrices.

STO : Service du travail obligatoire. Institué en février 1943, le STO permet de réquisitionner les jeunes hommes âgés de 20 à 22 ans pour travailler en Allemagne.

II / La France de l’après-guerre au temps du GPRF

AMGOT : Allied Military Government of Occupied Territories. Organisme mis en place en septembre 1943 par les Alliés afin d’administrer les territoires des puissances de l’Axe et des pays libérés.

Comités d’entreprises : créés par l’ordonnance du 22 février 1945 et la loi de mai 1946, ils gèrent les œuvres sociales et sont informés de la marche et des résultats économiques de l’entreprise.

Comités départementaux de Libération (CDL) : composés des forces issues de la Résistance et coiffés par le CNR, ils sont chargés d’encadrer et de représenter la population dans l’attente de l’élection des nouveaux pouvoirs locaux.

Commissariat au Plan : organe chargé des prévisions et des orientations économiques, fondé en 1947 par Jean Monnet. En France, la planification est indicative alors qu’elle est impérative en URSS.

Epuration légale : série de châtiments légaux qui sanctionnent la collaboration politique, administrative et militaire (à partir de novembre 1944).

Epuration spontanée : série de châtiments extralégaux frappant les civils soupçonnés de collaboration (juin-novembre 1944).

Etat-providence : Etat très interventionniste dans le domaine économique afin de protéger les plus démunis et réduire les inégalités sociales.

GPRF : Gouvernement provisoire de la République française. Créé à Alger le 3 juin 1944 et dirigé par le général de Gaulle, il se substitue au Comité français de libération nationale (CFLN), dans l’attente du rétablissement des institutions républicaines et de l’élection d’une nouvelle Assemblée. Il n’est reconnu par les Alliés que le 22 octobre 1944.

Indignité nationale : peine prononcée contre les collaborateurs, visant à leur ôter les droits civiques (l’éligibilité ou le droit de vote) et qui comprend aussi l’exclusion de la fonction publique, des entreprises de presse et des associations professionnelles.

Malgré-nous : nom donné aux 130.000 Alsaciens-Lorrains incorporés de force dans la Wehrmacht et dans les unités d’élite de la Waffen SS à partir de 1942. Les déserteurs ont été fusillés, internés dans les camps de concentration et les biens de leurs familles confisqués.

Milices patriotiques : unités créées par le CNR en mars 1944, où les communistes sont très influents, et mises à la disposition des comités locaux et départementaux de Libération.

Rationnement : système de répartition des biens de consommation mis en place par l’Etat pour gérer le plus équitablement possible la pénurie, provoquée par l’acheminement d’une grande partie de la production française vers l’Allemagne.

Conclusion : "La République et les femmes"

Capacité juridique : aptitude à exercer certains droits sans être assisté ou représenté par un tiers. Cette capacité est attribuée à toute personne considérée comme majeure.

Code civil : recueil de lois relatives au droit civil français, c’est-à-dire l’ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes, celui des biens et celui des relations entre les personnes privées (mariage, adoption, succession, etc.). Le premier Code civil français date de 1804.

Emancipation : synonyme de libération ; processus par lequel la femme se libère de l’emprise de l’homme et de la morale patriarcale.

Féminisme : mouvement qui préconise de nouveaux droits pour les femmes et vise à modifier les hiérarchies sociales, culturelles et politiques qui instaurent une suprématie masculine.

Machisme : sentiment de supériorité de l’homme qui défend la « phallocratie », c’est-à-dire la domination exercée par les hommes.

Mixité : participation des deux sexes à la vie éducative, sociale, culturelle ou professionnelle.

MLF : Mouvement de libération des femmes. Cofondé en octobre 1968 par Antoinette Fouque et Monique Wittig, le MLF est un mouvement féministe issu de « Mai 68 ». Ces féministes marxistes, qui se font connaître à partir de 1970, portent une critique radicale de la domination masculine.

Suffragisme : revendication du droit des femmes au suffrage. D’abord né dans le monde anglo-saxon, ce courant est très puissant en France, surtout entre 1900 et 1914.

Parité : égalité de fonctions entre les hommes et les femmes. Sur le plan professionnel, égalité des salaires et des progressions de carrière ; dans le domaine politique, obligation de présenter autant de candidatures féminines que masculines.

Patriarcat : forme d’organisation fondée sur l’autorité masculine. Dans les années 1970, les féministes désignent ainsi tout le système social, culturel, religieux, économique et idéologique qui justifie la domination masculine sur les femmes.

Plafond de verre : expression apparue aux Etats-Unis à la fin des années 1970 pour désigner l’inaccessibilité aux femmes des niveaux supérieurs des structures hiérarchiques du fait de l’existence d’un « mur invisible », appelé « plafond de verre ».

Planning familial : fondé en 1956 sous le nom de La Maternité heureuse, le mouvement français pour le planning familial est une association qui agit en faveur de l’accès à la contraception.

Sexisme : attitude discriminatoire à l’encontre du sexe opposé, qui est le souvent le fait des hommes aux dépens des femmes.

 

CHRONOLOGIE (I)

 

1939

1er septembre : invasion de la Pologne par la Wehrmacht (début de l’offensive à l’Est).

3 septembre : déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France à l’Allemagne.

 

1940

10 mai : invasion des Pays-Bas et de la Belgique par la Wehrmacht (début de l’offensive à l’Ouest).

13 mai : Sedan aux mains des troupes allemandes.

10 juin : installation du gouvernement français à Bordeaux, plus à l’abri que Paris.

14 juin : entrée de la Wehrmacht dans Paris.

16 juin : Pétain nommé président du Conseil.

17 juin : demande d’armistice de Pétain aux Allemands.

18 juin : appel à la résistance du général de Gaulle, réfugié à Londres.

22 juin : signature de l’armistice franco-allemand à Rethondes (Oise).

10 juillet : vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain par le Parlement.

3 octobre : promulgation du Statut des Juifs, devenus des « sous-citoyens ».

24 octobre : conclusion d’une collaboration politique entre Pétain et Hitler à Montoire (Loir-et-Cher).

 

1944

21 avril : droit de vote accordé aux femmes en France.

2 juin : formation d’un Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

6 juin : débarquement allié en Normandie (opération Overlord).

9 août : ordonnance annulant tous les actes législatifs du gouvernement de Vichy.

15 août : débarquement allié en Provence (opération Dragoon).

25 août : libération de Paris.

 

1945

12 février : accords de Yalta (Etats-Unis, URSS, Angleterre réunis en l’absence de la France).

30 avril : suicide de Hitler.

8 mai : capitulation de l’Allemagne à Berlin (fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe).

23 juillet - 14 août 1945 : procès du maréchal Pétain.

2 septembre : capitulation du Japon, après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki (fin de la Seconde Guerre mondiale).

 

CHRONOLOGIE (II)

 

Belle Epoque (1870-1914)

1880 : les femmes accèdent à l’enseignement secondaire.

1881-1882 : toutes les filles de 6 à 13 ans suivent des études primaires.

1902 : les filles peuvent passer le même baccalauréat que les garçons.

1906 : Marie Curie, première femme à enseigner à la Sorbonne.

1906 : les femmes représentent 38 % de la population active.

1907 : les femmes peuvent disposer d’un salaire sans l’autorisation du père ou du mari.

1909 : l’UFSF (Union française pour le suffrage des femmes) porte des revendications suffragistes, soutenues par les socialistes et une partie des républicains.

1911 : le taux d’activité féminine atteint 55 %.

1911 : Marie Curie, prix Nobel de chimie.

 

Entre-deux-guerres (1919-1939)

1919 : le droit de vote féminin, accepté par la Chambre des députés, est bloqué par le Sénat.

1920 : les femmes changent d’allure, on voit surgir « la garçonne », jeune fille à la vie indépendante, aux cheveux courts, aux vêtements raccourcis et cintrés.

1920-1923 : les lois natalistes pénalisent toute « propagande » pour la contraception et punissent l’avortement de la peine capitale.

1924 : les programmes du secondaire deviennent identiques pour les deux sexes.

1936 : trois femmes, Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore et Irène Joliot-Curie, entrent dans le gouvernement de Front populaire.

1936 : les femmes représentent 41 % des actifs et jouent un rôle important dans les grèves lors du gouvernement de Front populaire.

1938 : les femmes obtiennent leur capacité juridique.

 

CFLN (1942-1944)

1944 : le CFLN reconnaît aux femmes le droit de vote et d’éligibilité grâce à leur rôle dans la résistance (20 à 30 % des effectifs de la Résistance).

 

GPRF (1944-1946)

1945 : 5 % des députés de l’Assemblée nationale sont des femmes.

 

IVe République (1946-1958)

1946 : la magistrature ouverte aux femmes.

1949 : Simone de Beauvoir publie Le Deuxième Sexe.

 

Ve République (1958...)

1960 : le Mouvement français pour le planning familial ouvre des centres d’accueil et prescrit des contraceptifs venus de l’étranger.

1965 : les femmes sont autorisées à ouvrir un compte-chèques et à travailler sans l’accord de leur mari.

1967 : la loi Neuwirth libéralise la contraception et autorise la pilule.

1970 : le MLF est fondé à Paris.

1970 : l’autorité parentale conjointe remplace l’autorité paternelle.

1974 : Françoise Giroud, Secrétaire à la Condition féminine.

1975 : la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

1975 : loi sur le divorce par consentement mutuel qui permet à la femme de se séparer plus facilement de son mari.

1975 : loi interdisant toute discrimination fondée sur le sexe dans le domaine de l’emploi.

1981 : François Mitterrand crée un ministère des Droits de la femme, confié à Yvette Roudy.

1983 : loi Yvette Roudy sur l’égalité hommes-femmes au travail.

1990 : l’écart entre le salaire moyen féminin et son équivalent masculin est estimé à 23 %.

1991 : Edith Cresson est nommée Premier ministre.

1992 : une loi s’attaque au harcèlement sexuel au travail.

1992 : des intellectuelles lancent l’appel « Au pouvoir citoyennes ! » au nom d’une nouvelle trilogie républicaine, « Liberté, Egalité, Parité ».

1993 : 6 % des députés de l’Assemblée nationale sont des femmes.

1997 : Elisabeth Guigou devient la première femme ministre de la Justice.

1997 : création de l’association « Mix-Cités »

1999 : création de l’association « Les Chiennes de garde »

1999 : inscription de la parité dans la Constitution.

2000 : loi sur la parité.

2002 : le gouvernement Raffarin compte plus de dix femmes.

2003 : création de l’association « Ni putes ni soumises ».

2008 : 47 % de la population active est composée de femmes.

2009 : Le taux d’activité féminine dépasse 66 %.

2010 : interdiction du port de la burqa et du niqab dans l’espace public.

 

BIOGRAPHIES

 

Curie, Marie (1867-1934)

Physicienne française d’origine polonaise et femme de Pierre Curie. Ses découvertes, en particulier sur les radiations, en font la première femme à occuper une chaire de l’enseignement supérieur en 1906. Elle reçoit le prix Nobel de Physique en 1903 et celui de Chimie en 1911.

 

De Beauvoir, Simone (1908-1986)

Romancière et essayiste, elle théorise le féminisme avec Le Deuxième sexe paru en 1949 et participe au MLF des années 1970.

 

De Gaulle, Charles (1890-1970)

Militaire de carrière, il devient sous-secrétaire d’Etat à la Guerre en 1940. Refusant l’armistice (juin 1940), il s’exile à Londres d’où il lance son « appel » (18 juin 1940) et mène les Forces françaises libres (FFL). Il unifie la Résistance par l’intermédiaire de Jean Moulin et réussit à s’imposer comme président du gouvernement provisoire de la République française (GPRF) en 1944. Face aux réticences américaines, il agit pour faire reconnaître par les Alliés le statut de vainqueur à la France (obtention d’une zone d’occupation en Allemagne). Il s’oppose aux projets de Constitution de 1946, leur reprochant de faire la part belle au Parlement et aux partis, alors qu’il défend des institutions dont la clé de voûte serait le Président (discours de Bayeux, 1946). Il démissionne en janvier 1946, se retire de la vie politique et rédige ses Mémoires. Le « putsch d’Alger » de mai 1958 le ramène au pouvoir et il peut imposer une Constitution qui répond à ses vœux. Président jusqu’en 1969, il inaugure une certaine pratique des institutions de la Ve République qui renforce la place du Président dans la vie politique. Il dégage la France de ses dernières colonies africaines et met fin à la guerre d’Algérie en 1962. Il veut faire de la France une puissance moderne, indépendante sur la scène internationale (prise de distance avec l’alliance américaine, rapprochement avec les pays communistes et les Etats arabes). La crise de mai 1968 n’ébranle pas son pouvoir, mais, à ses yeux, sa légitimité. Il met sa démission dans la balance lors d’un référendum sur la réforme du Sénat en 1969 et démissionne après la victoire du « non ».

 

Laval, Pierre (1883-1945)

Homme politique français, il est président du Conseil en 1931-1932 et 1935-1936. En 1940, il préconise la politique de collaboration avec l’Allemagne et devient chef du gouvernement du régime de Vichy en 1942. Il est exécuté en 1945.

 

Leclerc, Philippe (1902-1947)

Militaire de carrière, Philippe de Hautecloque de son vrai nom rejoint Londres en juillet 1940 et tient un rôle essentiel dans les avancées des FFL au Tchad, en Libye puis dans la libération de Paris à la tête de la 2e DB (division blindée).

 

Monnet, Jean (1888-1979)

Fils d’un négociant en cognac, il mène une carrière d’homme d’affaires international, mais il acquiert aussi une expérience politique au secrétariat général de la SDN (1919-1923). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il joue un rôle important pour coordonner l’effort de guerre des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France libre. Commissaire général au Plan en 1946, il organise la modernisation de l’économie française. Il propose en 1950 à Schuman le projet de la CECA, qui lance véritablement la construction européenne. Il préside de 1952 à 1955 la Haute Autorité de la CECA, première instance supranationale en Europe. Déçu par l’échec de la CED, il démissionne pour fonder en 1955 le Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe, un groupe de réflexion et d’influence qui défend la construction européenne, en s’opposant notamment au général de Gaulle.

 

Moulin, Jean (1899-1943)

Ancien membre de cabinet ministériel sous le Front populaire (1936), Jean Moulin est préfet d’Eure-et-Loir à partir de 1937. En 1940, il refuse de signer un texte présenté par les Allemands, accusant d’atrocités les troupes françaises originaires des colonies. Révoqué par Vichy, il rejoint la France libre à Londres en 1941. De Gaulle lui confie la tâche, qu’il remplira avec patience, d’unifier la Résistance française. Parachuté dans la zone Sud, il crée, en 1943, les Mouvements unis de Résistance et le Conseil national de la Résistance qu’il préside. Le 21 juin 1943, à la suite d’une trahison, il est arrêté par la Gestapo à Caluire, près de Lyon. Torturé par Klaus Barbie, il meurt héroïquement sans avoir parlé, lors de son transfert en Allemagne. Ses cendres reposent au Panthéon depuis 1964.

 

Pelletier, Madeleine (1874-1939)

Première femme français psychiatre, cette féministe radicale s’engage d’abord dans l’activisme suffragiste, puis milite après la guerre pour la contraception. Arrêtée en 1939 pour avoir pratiqué des avortements, elle est placée dans un asile où elle finit sa vie.

 

Pétain, Philippe (1856-1951)

Pendant la Première Guerre mondiale, le général Pétain se distingue en organisant la défense de Verdun en 1916 et en rétablissant la discipline en 1917. Promu maréchal en 1918, il bénéficie d’une extraordinaire popularité. En 1934, il est ministre de la Guerre. En 1939 et 1940, il est ambassadeur de France en Espagne auprès de Franco. En juin 1940, à 84 ans, il forme le gouvernement et conclut l’armistice avec les Allemands. Chef de l’Etat français, il met en place la Révolution nationale et la collaboration. Mais, il ne peut conserver l’indépendance de l’Etat français, qui devient un satellite du Reich. En 1944, après le Débarquement, il est transféré par les Allemands à Sigmaringen, en Allemagne. En 1945, il est condamné à mort et sa peine est commuée en détention perpétuelle à l’île d’Yeu, où il meurt en 1951.

 

Veil, Simone (1927-2017)

Rescapée d’Auschwitz, elle devient magistrat et entre en 1974 au gouvernement comme ministre de la Santé. Elle est chargée de préparer la loi qui porte son nom sur l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle préside le Parlement européen de 1979 à 1982 et la Fondation pour la mémoire de la Shoah entre 2000 et 2007. Elle est aussi membre du Conseil Constitutionnel (1998-2007) et de l’Académie française (2010).

 

Weiss, Louise (1893-1983)

Journaliste et écrivain française, elle est connue pour son engagement féministe ainsi que ses prises de position en faveur du vote des femmes.

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